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Libération
Bure : répression de la solidarité juridique et entrave aux droits de la défense
Article mis en ligne le 24 juin 2018

La perquisition et la mise en garde à vue d’un avocat défenseur des militants antinucléaire montre que la répression actuelle du mouvement social tend à généraliser ses cibles.

La garde à vue d’un avocat défenseur d’activistes témoigne des dérives de la répression. Non pas que les avocats soient « intouchables » vis-à-vis de leurs clients, ou ne soient jamais soumis au procédé de la garde à vue et aux poursuites dans le cadre de la répression de droit commun. Mais cette arrestation révèle deux phénomènes interdépendants éclairant la radicalité du système répressif aujourd’hui. D’une part, elle montre que la répression du mouvement social tend à généraliser ses cibles : elle peut toucher toute personne qui milite, défend des causes ou entend remettre en cause l’ordre établi, mais aussi toute personne qui se solidarise, d’une manière ou d’une autre, avec les cibles de la justice ou de la police. Le cas du délit de solidarité est certainement le plus flagrant. Aussi et d’autre part, cette action répressive contre un avocat éclaire la volonté de priver les activistes de Bure d’un de leurs défenseurs et ainsi de mettre à mal non seulement l’exercice de la profession d’avocat mais surtout des droits de la défense(...)

Ce phénomène n’est pas nouveau. Mais il est historiquement très rare et ne s’observe que dans des contextes de crises extrêmement graves, en particulier de guerre. (...)

Ce qui est nouveau en revanche avec cette affaire, c’est qu’un avocat défendant des individus en lutte soit gardé à vue dans le cadre de poursuites pour associations de malfaiteurs. Cette infraction, qui sert à punir l’activisme oppositionnel depuis au moins la répression de l’anarchisme au XIXe siècle, est de nos jours centrale dans la lutte antiterroriste. Servant notamment à criminaliser des intentions, des mobiles ou des appartenances, elle permet à l’Etat de réaliser de grands coups de filets policiers, comme cela a été le cas à Bure, en reposant sur le principe de la présomption de culpabilité.

C’est parce que nous refusons de renouer avec cette histoire de la répression que nous nous associons à la lettre rédigée par plus de cinquante avocat·e·s en soutien à leur confrère, et dénonçons tant cette garde à vue que celles des militantes et militants criminalisé·es depuis des mois pour s’opposer à l’enfouissement de déchets nucléaires. Il en va de nos libertés à toutes et tous.