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Burundi : très inquiétantes désertions scolaires
Bujumbura, Burundi, 2011-08-26
Article mis en ligne le 31 août 2011
dernière modification le 29 août 2011

Au Burundi, les élèves du primaire désertent l’école en masse. La pauvreté accrue en est la première cause. Les filles sont les plus touchées, en particulier à cause des grossesses issues de viols. Les garçons abandonnent eux avant tout pour chercher à gagner de l’argent.
"Près de 14 % des élèves du primaire, soit 206 000 enfants ont abandonné l’école durant l’année scolaire 2011 ! Un record jamais atteint dans l’histoire de l’enseignement du Burundi", s’inquiète un syndicaliste.

Selon le directeur d’une école primaire à Kayanza, au nord du Burundi, "la pauvreté reste la principale cause des abandons scolaires. Il y en a qui somnolent en classe, signe qu’ils ont quitté la maison sans avoir mangé. Dans ces conditions, ils abandonnent l’école." Cette situation est, estime-t-il, la conséquence de l’arrêt en 2010 des distributions du PAM (Programme alimentaire mondial) aux enfants des écoles des sept provinces du pays les plus en insécurité alimentaire à cause des aléas climatiques, de la surpopulation…

Par ailleurs, certaines familles ne sont toujours pas convaincues de l’utilité de scolariser leurs enfants. "J’ai convoqué une réunion des parents pour leur expliquer le bien-fondé de l’école, car, dans pas mal de coins de notre commune, certains contraignent leurs enfants à l’abandonner pour les faire travailler dans leurs champs", explique le directeur d’une école primaire à l’est du pays. Les filles restent les plus touchées par ces abandons. Après la 6è primaire, elles doivent aider leurs mères dans les travaux champêtres, culinaires et ménagers. Une tradition qui a du mal à évoluer. Selon P. Manariyo, un enseignant, "après le concours national, il est très rare que celles qui ont échoué reprennent l’école. Des parents mal informés en profitent pour garder leurs filles à la maison, afin de les utiliser dans différents travaux en attendant un potentiel prétendant." Certains parents spéculent en effet sur la dote toujours considérée comme une richesse, que ce soit une vache comme traditionnellement, ou de l’argent. "C’est une autre raison qui fait que les parents bloquent les études de leurs filles", précise un chef traditionnel au nord du Burundi. Selon ce même sage, les parents voient leur intérêt immédiat et ne visent pas le long terme.

Manque de maturité
Un autre problème plus récent entrave le cursus scolaire de filles de plus en plus nombreuses, celui des violences sexuelles. Engrossées par des commerçants, motards, chauffeurs, qui les trompent en leur donnant de petits cadeaux, les filles quittent l’école. "J’ai été engrossée par un boutiquier qui me donnait des bonbons chaque fois que je passais. Je ne peux plus reprendre l’école, de peur que mes camarades se moquent de moi", témoigne une fille mère qui a abandonné la 6è primaire à 14 ans pour s’occuper de son bébé dont le papa a refusé la paternité. Ces viols d’élèves, qui font régulièrement la une des médias, sont devenus un vrai problème de société.

Chez les garçons, c’est la misère et les difficiles conditions de vie dans les familles qui les poussent à arrêter leurs études, car "ventre creux n’a pas d’oreilles". Ils préfèrent essayer de gagner de l’argent. "C’est par goût de l’aventure que j’ai abandonné l’école. Je croyais que j’allais m’enrichir très rapidement après m’être lancé dans des travaux miniers qui malheureusement profitent surtout aux grands commerçants", regrette Cédric Kipepe, 16 ans. Ce garçon de la commune Buganda, province Cibitoke à l’ouest du pays, a déserté l’école à l’âge de 13 ans. D’autres jeunes se lancent dans le commerce, font le chauffeur… "C’est la course pour la vie, à la recherche de l’argent, un moyen pour préparer notre avenir", estiment-ils. Et il n’y a souvent personne pour les conseiller, dans des classes surpeuplées (plus de 100 élèves dans une salle), les enseignants ne peuvent faire attention à tous. Ils sont donc livrés à eux-mêmes et se lancent sans réfléchir dans ces activités.


"Peu de ces enfants réussissent dans la vie, constate un administratif, car ils n’ont pas la maturité pour se conduire. C’est pourquoi bon nombre d’eux, deviennent des délinquant
s. Ils représentent un danger public potentiel. Si on regarde comment, actuellement, les jeunes sans emploi circulent dans les rues et consomment des stupéfiants, c’est inquiétant."

Audace Nimbona

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