
Nous vivons une période marquée par l’augmention de la "pression des normes" liée à l’accroissement de la quantité de dispositifs d’évaluation et de contrôle qui régissent les pratiques professionnelles. Source d’aliénation individuelle et de destruction du lien humain, ce processus de "densification normative" est cependant réversible. Dans notre contexte propre et avec les outils qui sont les nôtres, il est en effet souvent possible de cesser de l’alimenter, voire de contribuer à l’inverser, au moins localement, et/ou de s’en affranchir, au moins en partie.
Voici quelques clés pour y aider.
Clé n°1 - RÉSISTER sans alimenter
Comment cultiver l’art de résister sans s’épuiser, sans s’aigrir dans une révolte sans issue et surtout, sans alimenter "l’hydre normative", autrement dit en déjouant les pièges d’une résistance contre-productive, qui renforce ce contre quoi on lutte ? (...)
Clé n°2 - METTRE EN LUMIÈRE, pour légitimer la résistance et inverser le processus.
La mise en lumière, ce n’est pas la même chose que la dénonciation idéologique. C’est donner à voir, au plus grand nombre de personnes concernées et par un travail de déconstruction rigoureux (...)
Clé n°3 - REMONTER À LA SOURCE pour désamorcer la dynamique
Ce n’est pas tant une question d’efforts déployés que d’ajustement de l’action, et plus précisément d’activation des bons leviers, ceux qui peuvent favoriser ou provoquer la marche arrière. (...)
CLÉ n°4 - S’ENGAGER dans les brèches de liberté
Les normes qui régissent les dispositifs de contrôle et d’évaluation sont issues d’un matériau souvent très hétérogène : textes juridiques, décisions, interprétations, actes de gestion, pratiques, discours, etc. Souvent, leur "maillage" n’est pas uniforme (...) comme souvent il y a du choix possible à toutes les étapes et à tous les niveaux (...)
CLÉ n°5 - FAIRE VIVRE LES VALEURS qui donnent SENS à notre métier et JOIE à notre pratique
Par la pression parfois insupportable qu’ils engendrent, les dispositifs de normalisation, de contrôle et d’évaluation peuvent fournir d’excellents contre-modèles, des sources d’inspiration par la négative. Dans un paradoxe qui n’est qu’apparent, ils font monter la conscience des valeurs essentielles à la pratique satisfaisante de notre métier.
En ombres chinoises, ils pointent ainsi le chemin du contre-pied (...)
- . Ils se fondent sur des logiques quantitatives de rentabilité et sur des critères purement formels ? Privilégions partout où c’est possible la gratuité et la qualité du fond.
- . Ils font jouer la compétition, la comparaison entre collègues ? Choisissons la coopération, le soutien aux plus jeunes, aux plus fragiles d’entre nous.
- . Ils activent la peur et le stress ? Développons la convivialité, la créativité dans des "micro-pratiques" subversives, chaleureuses ou pleines d’humour, et la joie de se retrouver pour oeuvrer ensemble.
- . Ils s’inscrivent dans l’urgence ? Ralentissons autant que faire se peut, et prenons le temps de la maturation nécessaire.
- Cette normalisation peut engendrer du mal-être, une sensation d’impuissance voire d’écrasement, de la résignation, de la révolte... Mais elle peut aussi, par contraste, et sous la pression, ouvrir la voie de son contraire : stimuler le désir de convivialité, le besoin de solidarité, le choix de la qualité... et une vigilance accrue à ce qui y porte atteinte.
Sentir en soi et ensemble la possibilité de choisir les brèches de liberté où vivre nos valeurs...
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