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COP26 : de nombreux pays déclarent des émissions de gaz à effet de serre inférieures "de 20 à 30%" aux "meilleures estimations des scientifiques"
Article mis en ligne le 11 novembre 2021

Une analyse publiée dans le "Washington Post" révèle des pratiques qui éloignent "l’objectif de limiter la hausse des température à + 2 °C", déplore le chercheur Philippe Ciais, interrogé par franceinfo.

Les calculs sont faussés. Dans un article publié dimanche 7 novembre, le Washington Post (en anglais) révèle que de nombreux pays déclarent des émissions de gaz à effet de serre largement inférieures aux estimations indépendantes, dans leur rapports rendus aux Nations unies. Ces données servent notamment de base aux négociations qui se tiennent en ce moment-même à Glasgow pour la COP26.

Le journal, avec l’appui de chercheurs, a épluché les rapports des 196 pays signataires de l’accord de Paris. L’écart entre les émissions qu’ils déclarent et leurs émissions réelles "va de 8,5 milliards à 13,3 milliards de tonnes, (...) de quoi faire grimper le réchauffement de la Terre", alerte le Washington Post. Philippe Ciais, directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), a participé à cette analyse. (...)

A quoi est dû cet écart ?

Cela dépend des pays. Les émissions déclarées sont par exemple toujours plus faibles que les estimations indépendantes chez les extracteurs de pétrole ou de gaz. Ensuite, beaucoup de pays n’ont pas rapporté leurs émissions depuis longtemps. Seuls les pays du protocole de Kyoto y sont obligés chaque année. L’Iran, par exemple, n’a fourni qu’une seule communication nationale de ses émissions en 2010.

Enfin, si certains pays comme le Canada rapportent moins d’absorption de carbone par les puits naturels [ces réservoirs qui stockent le carbone dans les sols] que ce qui est observé, d’autres surestiment la capacité de leurs forêts à capter du carbone. (...)

Prenez la Chine : elle donne des indications sur un pic de ses émissions avant 2030, sur son intensité carbone [le rapport entre la quantité d’énergie utilisé par le pays et le carbone émis] et sur un futur très lointain, une neutralité carbone en 2060. Mais il n’y a pas de trajectoire précise. Je souligne aussi que la France qui a une trajectoire de neutralité et un suivi tous les 5 ans, n’a pas atteint ses objectifs de réduction sur la période 2015-2018. Donc il ne suffit pas de faire un plan très bon pour la décarbonisation, il faut aussi s’y tenir.

En plus, si on part d’émissions sous-estimées, les effets d’une réduction seront moins impressionnants. Tout ceci permet encore moins d’atteindre notre objectif de limiter la hausse des température à + 2 °C.