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Camille, zadiste : « On est nombreux à vouloir rester, c’est notre lieu de vie »
Article mis en ligne le 24 décembre 2017

Camille, agriculteur de 43 ans, décrit son quotidien sur le site.

Quelles sont vos conditions de logement aujourd’hui à Notre-Dame-des-Landes ?

J’y habite depuis l’hiver 2012. Au départ, je devais rester quinze jours. Les premiers mois, j’ai vécu dans une barricade aménagée à 150 mètres du barrage de police. Quand la présence policière a diminué, on a poursuivi la construction de cabanes et l’occupation de lieux dont les gens s’étaient fait exproprier. Aujourd’hui, entre les cabanes, les yourtes et les maisons en dur, il y a entre 70 et 90 lieux habitables. Moi, je suis à la ferme de Bellevue avec quatre à six autres personnes, hommes et femmes

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De quoi vivez-vous, avec les autres habitants ?

J’élève des vaches qui pâturent et entretiennent le bocage, je fabrique des produits laitiers. Ce sont des paysans du coin qui ont débuté l’occupation du lieu en y conservant l’activité : les vaches, les poules, les cochons… Ils ont proposé aux nouveaux de participer. Maintenant, on a une laiterie, une fromagerie, une boulangerie, un maraîchage dans les champs autour, un hangar pour réparer les machines agricoles, une forge, un free shop, un sleeping pour les gens de passage, un atelier couture… Sur le parking, le « hangar de l’avenir » a été construit par des charpentiers venus de France et d’Europe pour accueillir un atelier de menuiserie et de charpente.

Vous êtes autosuffisants ?

Oui, même excédentaires. Ce qui est produit est partagé dans la ZAD ou distribué à l’extérieur, aux migrants à Nantes par exemple. Et, tous les vendredis, il y a un marché à prix libre. Des gens du coin viennent acheter du pain, du fromage, des légumes… C’est important, cette ouverture sur l’extérieur de la zone.

Comment qualifieriez-vous cette expérience de vie sur la ZAD ?

Avant je travaillais en ville dans les nouvelles technologies… Ici, la vie est très riche humainement. Je n’ai jamais rencontré autant de gens que je respecte. (...)

Il y a énormément de réunions organisées ici sur comment vivre ensemble, gérer les conflits, s’occuper des terres et défendre la zone. On est nombreux à vouloir rester, même en cas d’abandon du projet d’aéroport. C’est notre lieu de vie.

Quelles sont vos revendications ?

On a rédigé une base commune de requêtes, « les six points pour l’avenir de la ZAD ». Nous demandons notamment que les habitants – propriétaires ou locataires faisant l’objet d’une procédure d’expropriation ou d’expulsion – puissent rester et retrouver leurs droits ; que les nouveaux habitants venus participer à la lutte puissent rester sur la zone ; et que les constructions, notamment les habitats, soient conservées. On a une vraie vision pour le bocage, on a créé de belles choses. On espère pouvoir négocier et continuer.