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Caroline De Haas : « Les reculs sur les questions sociales et les libertés ont un impact sur les droits des femmes »
Article mis en ligne le 27 novembre 2020
dernière modification le 26 novembre 2020

Lendemain de mobilisation contre les violences faites aux femmes. Le mouvement social plus fort que les pouvoirs publics ? Caroline De Haas, militante féministe, membre de #NousToutes, est l’invitée de #LaMidinale.

Sur la mort de Diego Maradona et la réaction de l’Elysée
« C’est toujours compliqué quand il y a une icône d’un sport ou d’un art qui décède de parler des violences qu’il a commise. Il y a beaucoup d’émotion dans la société. »
« Ce que je trouve intéressant c’est à quel point ces violences vont être oubliées quand on va faire l’historique de ces personnes. » (...)

Sur les violences policières dans les manifestations féministes
« Nous sommes dans un pays dans lequel le pouvoir a laissé la violence s’exprimer parmi les forces de l’ordre sans rien cadrer. Le préfet de police Didier Lallement en est l’incarnation. »
« Les mouvements féministes ont été criminalisé, pénalisé et victimes de violences que plus tard dans l’historie du pays. »
« Les premières violences policières ont eu lieu d’abord dans les quartiers populaires. Ensuite on les a vues apparaitre dans l’espace public au moment de la loi travail. La question des violences que subissent les mouvements féministes arrivent plus tard. »
« Les premières images choquantes de violences policières qui ont émergé dans l’espace public ont eu lieu le 8 mars de l’année dernière lors de la manif de nuit. »
« Les violences policières s’étendent petit à petit à toutes les couches de la société (…). Il y a maintenant des violences policières dans tous les mouvements sociaux, quels qu’ils soient. »

Sur la vidéo du président à propos des violences faites aux femmes
« Il y a une évolution sur la question des violences faites aux femmes. »
« Les pouvoirs publics ne sont pas complètement déconnectés de ce qu’il se passe dans la société. »
« Il y a un décalage entre le mouvement social, la demande sociale d’égalités, et l’ampleur des politiques publiques. »
« La vidéo d’Emmanuel Macron montre à quel point il ne comprend rien. »
« Emmanuel Macron passe l’ensemble de la vidéo à expliquer aux femmes qu’il faut qu’elles parlent alors qu’elles parlent depuis des décennies quand elles sont victimes de violence. Le problème c’est qu’on ne les entend pas. » (...)

Sur la ligne téléphonique du 3919
« Le 3919 est géré par une association qui s’appelle solidarité femmes. La ligne est ouverte tous les jours de 9 à 21h et l’objectif c’est de la faire passer à 24h/24. »
« Les juristes ont expliqué que si le gouvernement voulait passer le service du 3919 à 24h/24, ça ne pouvait plus passer par une subvention à une association mais par un appel d’offres, donc une mise en concurrence. »
« On va tirer par le bas la qualité du service public du 3919. »

Sur l’inaction du gouvernement en matière de violences faites aux femmes
« C’est difficile de parler d’inaction parce qu’ils existent des actions depuis longtemps. » (...)

On ne peut pas parler d’inaction mais d’un manque d’ambition. »
« Il y a des hébergements en France pour les femmes victimes. Mais les places disponibles ne permettent pas d’atteindre le seuil minimal définit par l’Union européenne. »
« Ce qu’il se passe n’est pas à la hauteur pour en finir avec les violences faites aux femmes. Les politiques publiques ne sont pas efficaces. »

Sur la formation des policiers
« Ce qui nous manque en matière de violences c’est beaucoup de données. »
« Il y a un audit qui a été mené par le ministère de l’Intérieur qui nous dit que 90% des femmes sont contentes de l’accueil en commissariat. »
« On voit qu’il y a une augmentation du nombre de plaintes. »
« Aujourd’hui, on ne sait pas mesurer la manière dont les femmes sont accueillies. »
« Il n’y a pas aujourd’hui de formation massive et obligatoire des forces de l’ordre sur l’accueil de la parole. Ça n’existe pas. » (...)

Sur l’évolution des droits des femmes
« Dans le monde, on fait face à des lobbys très importants et très inquiétants. »
« Sur la scène internationale, il y a des tensions très fortes et des risques de recul des droits dans certains pays. On l’a vu en Pologne avec la question du droit à l’avortement. »
« En France, je ne dirais pas que ça recule sur le droit des femmes. En revanche, comme ça recule sur les questions sociales et des libertés, ça a forcément un impact sur les droits des femmes. »
« Sur les droits des femmes, ça ne recule pas mais ça n’avance pas suffisamment. » (...)

Sur la présidentielle 2022
« Je suis très optimiste sur la question de l’égalité femmes/hommes, je suis en dépression politique sur le reste. »
« Ma conviction c’est que même si la gauche, les écologistes et les mouvements sociaux réussissent à trouver un candidat ou une candidate unique, même si on arrivait à faire ça et c’est franchement pas gagné, le pays aujourd’hui n’est pas en état idéologique pour voter pour un candidat ou une candidate de gauche ou écologiste. » (...)

« Il y a eu un abandon de la dimension de formation dans les partis politiques, les syndicats et les mouvements sociaux. »
« Quand vous formez une personne, derrière vous touchez cent personnes qui vont être plus à même de changer le monde et de s’engager. » (...)