
Lendemain de mobilisation contre les violences faites aux femmes. Le mouvement social plus fort que les pouvoirs publics ? Caroline De Haas, militante féministe, membre de #NousToutes, est l’invitée de #LaMidinale.
Sur la mort de Diego Maradona et la réaction de l’Elysée
« C’est toujours compliqué quand il y a une icône d’un sport ou d’un art qui décède de parler des violences qu’il a commise. Il y a beaucoup d’émotion dans la société. »
« Ce que je trouve intéressant c’est à quel point ces violences vont être oubliées quand on va faire l’historique de ces personnes. » (...)
Sur les violences policières dans les manifestations féministes
« Nous sommes dans un pays dans lequel le pouvoir a laissé la violence s’exprimer parmi les forces de l’ordre sans rien cadrer. Le préfet de police Didier Lallement en est l’incarnation. »
« Les mouvements féministes ont été criminalisé, pénalisé et victimes de violences que plus tard dans l’historie du pays. »
« Les premières violences policières ont eu lieu d’abord dans les quartiers populaires. Ensuite on les a vues apparaitre dans l’espace public au moment de la loi travail. La question des violences que subissent les mouvements féministes arrivent plus tard. »
« Les premières images choquantes de violences policières qui ont émergé dans l’espace public ont eu lieu le 8 mars de l’année dernière lors de la manif de nuit. »
« Les violences policières s’étendent petit à petit à toutes les couches de la société (…). Il y a maintenant des violences policières dans tous les mouvements sociaux, quels qu’ils soient. »
Sur la vidéo du président à propos des violences faites aux femmes
« Il y a une évolution sur la question des violences faites aux femmes. »
« Les pouvoirs publics ne sont pas complètement déconnectés de ce qu’il se passe dans la société. »
« Il y a un décalage entre le mouvement social, la demande sociale d’égalités, et l’ampleur des politiques publiques. »
« La vidéo d’Emmanuel Macron montre à quel point il ne comprend rien. »
« Emmanuel Macron passe l’ensemble de la vidéo à expliquer aux femmes qu’il faut qu’elles parlent alors qu’elles parlent depuis des décennies quand elles sont victimes de violence. Le problème c’est qu’on ne les entend pas. » (...)
Sur la ligne téléphonique du 3919
« Le 3919 est géré par une association qui s’appelle solidarité femmes. La ligne est ouverte tous les jours de 9 à 21h et l’objectif c’est de la faire passer à 24h/24. »
« Les juristes ont expliqué que si le gouvernement voulait passer le service du 3919 à 24h/24, ça ne pouvait plus passer par une subvention à une association mais par un appel d’offres, donc une mise en concurrence. »
« On va tirer par le bas la qualité du service public du 3919. »
Sur l’inaction du gouvernement en matière de violences faites aux femmes
« C’est difficile de parler d’inaction parce qu’ils existent des actions depuis longtemps. » (...)
On ne peut pas parler d’inaction mais d’un manque d’ambition. »
« Il y a des hébergements en France pour les femmes victimes. Mais les places disponibles ne permettent pas d’atteindre le seuil minimal définit par l’Union européenne. »
« Ce qu’il se passe n’est pas à la hauteur pour en finir avec les violences faites aux femmes. Les politiques publiques ne sont pas efficaces. »
Sur la formation des policiers
« Ce qui nous manque en matière de violences c’est beaucoup de données. »
« Il y a un audit qui a été mené par le ministère de l’Intérieur qui nous dit que 90% des femmes sont contentes de l’accueil en commissariat. »
« On voit qu’il y a une augmentation du nombre de plaintes. »
« Aujourd’hui, on ne sait pas mesurer la manière dont les femmes sont accueillies. »
« Il n’y a pas aujourd’hui de formation massive et obligatoire des forces de l’ordre sur l’accueil de la parole. Ça n’existe pas. » (...)
Sur l’évolution des droits des femmes
« Dans le monde, on fait face à des lobbys très importants et très inquiétants. »
« Sur la scène internationale, il y a des tensions très fortes et des risques de recul des droits dans certains pays. On l’a vu en Pologne avec la question du droit à l’avortement. »
« En France, je ne dirais pas que ça recule sur le droit des femmes. En revanche, comme ça recule sur les questions sociales et des libertés, ça a forcément un impact sur les droits des femmes. »
« Sur les droits des femmes, ça ne recule pas mais ça n’avance pas suffisamment. » (...)
Sur la présidentielle 2022
« Je suis très optimiste sur la question de l’égalité femmes/hommes, je suis en dépression politique sur le reste. »
« Ma conviction c’est que même si la gauche, les écologistes et les mouvements sociaux réussissent à trouver un candidat ou une candidate unique, même si on arrivait à faire ça et c’est franchement pas gagné, le pays aujourd’hui n’est pas en état idéologique pour voter pour un candidat ou une candidate de gauche ou écologiste. » (...)
« Il y a eu un abandon de la dimension de formation dans les partis politiques, les syndicats et les mouvements sociaux. »
« Quand vous formez une personne, derrière vous touchez cent personnes qui vont être plus à même de changer le monde et de s’engager. » (...)