
Il faut bien mesurer la portée de la décision de justice qui nous ordonne de supprimer, avant lundi 22 juillet minuit, toute citation des enregistrements Bettencourt.
Nous allons détruire environ cent articles, fichiers audio et vidéo. Il s’agit d’un acte de censure massive et sans précédent pour un titre de presse numérique en France. En ce sens, cette censure est un événement jamais vu dans notre pays depuis la naissance d’Internet et de l’information sur support numérique (...)
Car c’est à l’heure de la révolution numérique, d’un renouvellement profond des relations entre journalistes et lecteurs, c’est à l’heure des lanceurs d’alerte planétaires et d’un débat démocratique revivifié par Internet que la justice versaillaise nous renvoie dans les catacombes du Second Empire. Dans cette époque où le journalisme, suspendu à une autorisation préalable de publication ou menacé d’embastillement immédiat, n’avait d’autre choix que de porter la tyrannie fade de Napoléon le Petit. (...)
Vie privée et encore vie privée, a décidé la cour d’appel de Versailles, prenant le contre-pied exact du jugement de première instance du tribunal de Paris puis de la cour d’appel de Paris. Nous avons dans d’autres articles longuement détaillé nos arguments, et ceux de nos avocats, inutile d’y revenir. Et nous appliquerons bien sûr cette décision de justice liberticide. Oui, nous verserons 1 000 euros de dommages et intérêts à Patrice de Maistre et éviterons, par la destruction de nos contenus, une sanction financière qui nous serait fatale : 10 000 euros par infraction constatée et par période de vingt-quatre heures.
Lundi 22 juillet à 19 heures, Bettencourt deviendra donc une affaire que vous ne pourrez plus lire sur Mediapart. Sur la centaine d’articles supprimés figurera la mention « Censuré, arrêt du 4 juillet de la cour d’appel de Versailles ». (...)
Signez ici l’appel lancé avec Mediapart par plus de quarante titres de presse, associations de défense des libertés, syndicats, et des dizaines de personnalités politiques et de la société civile, pour défendre la liberté de l’information.