
C’est un anniversaire un peu particulier qui est intervenu, lundi 16 juillet, pour les gens du voyage : celui des 100 ans du "carnet de circulation". Aucune fête particulière n’était toutefois prévue pour commémorer la création de cette pièce d’identité spécifique aux gens du voyage et instaurée le 16 juillet 1912.
Depuis longtemps, le carnet de circulation est en effet l’objet de vives critiques de la part des défenseurs des gens du voyage, qui le considèrent comme la source d’un grand nombre des difficultés sociales des 350 000 à 500 000 Tziganes, Roms ou Manouches installés en France.
A l’origine, le carnet de circulation a été créé " pour recenser" l’ensemble des personnes avec un mode de vie itinérant en France, explique Louis de Gouyon Matignon, "tziganologue". Mais au fil du temps, il a de plus en plus été utilisé "comme l’instrument de discriminations" à leur égard, pointe le jeune chercheur, qui est par ailleurs l’assistant parlementaire du sénateur UMP Pierre Hérisson, président de la commission nationale consultative des gens du voyage depuis 2005. (...)
Depuis le début du XXe siècle, les choses évoluent toutefois peu à peu. Le livret ou le carnet de circulation n’empêchent pas d’avoir une carte nationale d’identité. De plus en plus de gens du voyage s’en font donc faire une à leur nom. Ils donnent alors généralement en guise d’adresse les coordonnées de la mairie de leur commune de rattachement "Mais beaucoup ne le savent pas, pointe M. de Gouyon Matignon. Surtout ceux qui sont les plus démunis."
Cette évolution va de pair avec la sédentarisation d’un grand nombre de gens du voyage : "environ quatre familles sur dix", estime le jeune chercheur, également président d’une toute nouvelle association de défense de la culture tzigane. Ceux que l’on appelle de façon générique les "gens du voyage" investissent en effet de plus en plus dans des terrains en France sur lesquels ils logent la plupart du temps dans leur caravane. L’itinérance est souvent réservée aux mois d’été.