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Chroniques du Yeti
Ces cadres écœurés qui voteront Mélenchon
Article mis en ligne le 10 avril 2012
dernière modification le 9 avril 2012

Il n’y a pas que des petits patrons iconoclastes à vouloir voter Mélenchon. Figurez-vous que parmi ceux prêts à leur embrayer le pas se trouvent aussi quelques cadres, hauts ou moyennement placés, mais écœurés par le monde du travail tel qu’il est aujourd’hui pratiqué.

Dans le Nouvel Observateur, François Kahn, cadre genre supérieur, qui se présente comme un “ancien libéral” aux revenus plutôt cossus, n’en peut plus. Ancien d’HEC, il votera pour le candidat du Front de gauche.

(...) “Cadres” au pluriel, est-il écrit dans le titre. Ne cherchons pas plus loin un deuxième exemple. C’est moi qui m’y colle. Je suis cadre tendance moyenne dans une grande entreprise d’édition, branche manuels scolaires. La pression y est beaucoup plus bonasse que dans le monde féroce de François Kahn.

Mais aussi de plus en plus débilitante. Peu à peu, les éditeurs ont été remplacés aux postes de commande par ces inspecteurs des travaux finis que sont les contrôleurs de gestion.

Du coup, on y tient plus de réunions sur les budgets (entendez, sur les moyens de dégager des marges à deux chiffres) que sur la conception des ouvrages. On s’y montre plus en quête de réduction de coûts que d’amélioration des qualités éditoriales. (...)

Cela ne va pas sans quelques drolatiques fiascos. Qu’une révolution impromptue survienne — celle du numérique dans les établissements scolaires, par exemple — et l’on voit bien que nos contrôleurs ne contrôlent plus rien, allant d’investissements à côté de la plaque en décisions cul-de-sac.

D’ici quelques mois, votre serviteur et quelques collègues feront valoir leurs droits à une retraite d’autant plus méritée que ces dépeceurs leur ont déjà signifié qu’ils ne seraient pas remplacés. C’est dire l’utilité de notre travail à leurs yeux. En dix ans, l’effectif de notre service, pourtant hautement rentable, aura fondu de plus de moitié.

Leurs “temps modernes”, la crise de la “Grande perdition” est en train de l’emporter par le fond et c’est très bien ainsi ! Qu’ils s’en aillent tous ! Je ne sais si la candidature de Mélenchon créera la surprise aux soirs des 22 avril et des 6 mai. Je ne sais si Mélenchon et son équipe se montreront à la hauteur du programme qu’ils impulsent.

Mais en votant pour ce programme, je veux au moins participer à enraciner, à populariser une vision du monde enfin en rupture avec celle de l’univers émasculant d’aujourd’hui, à populariser la possibilité d’un avenir où le “contrôle de gestion” serait exclusivement au service de “l’humain d’abord”.

Ebuzzing