
Malgré les crises économiques, les mêmes économistes squattent toujours les médias. Et leurs erreurs accumulées n’y ont rien changé. Quelques petits comptages s’imposent...
(...) Acrimed, et avec elle Le Plan B et quelques autres critiquent depuis longtemps la proximité de certains économistes avec le pouvoir financier, leurs relations incestueuses avec le pouvoir politique, et leur omniprésence médiatique. Mais vint la crise. Ou plutôt les crises : celle des subprimes aux États-Unis, et celle de « la zone euro », que ces experts n’avaient pas su anticiper. Cette fois, un film (Les Nouveaux Chiens de garde), un mensuel (Le Monde diplomatique), des économistes (atterrés) et même – dans une moindre mesure – des médias plus main stream (Alternatives économiques ou Mediapart), ont prolongé les investigations, focalisant surtout leur critique sur l’appartenance de ces quelques économistes au monde de la finance. « Comment peut-on être objectif en étant juge et parti e ? » Les critiques semblant fuser de toutes parts, on pouvait penser que la cause était entendue, et qu’on allait enfin en être rapidement débarrassé.
Las ! Malgré ces nombreux travaux, ces mises en garde répétées, ces évidences enfin révélées, rien ne semble avoir entamé leur aura dans les médias dominants (...)
En définitive, le cercle des privilégiés s’auto-entretient grâce à deux ingrédients maintes fois évoqués ici même ou identifiés dans les travaux de la sociologie des médias : la paresse des journalistes et l’omniscience imaginaire mais revendiquée des experts. La présence médiatique des économistes vedettes devient exponentielle avec le temps : la consultation occasionnelle engendrant l’invitation occasionnelle qui, en se répétant, entraîne l’invitation régulière qui, en se reproduisant, implique inéluctablement l’omniprésence médiatique des mêmes et des semblables. Leurs innombrables erreurs n’y font rien : ils gardent la confiance aveugle des médias.