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Ces « entreprises partagées » où s’invente une nouvelle forme de travail
Article mis en ligne le 16 janvier 2015
dernière modification le 13 janvier 2015

caeNombreux sont ceux qui rêvent de lancer leur propre activité économique et de redonner du sens à leur travail. Beaucoup moins sont prêts à devenir entrepreneurs. En France, 5 000 salariés ont choisi la solution de la Coopérative d’activité et d’emploi (CAE), une « entreprise partagée » où se côtoient télé-secrétaires, menuisiers, designers, et même boulangers. Elle appartient à ses entrepreneurs-salariés, et mutualise services administratifs ou formations. Une alternative à l’auto-entrepreneuriat et ses possibles dérives ? Reportage au sein de ces structures peu connues, laboratoires d’un nouveau rapport au travail, que la future loi du gouvernement sur l’Économie sociale et solidaire prévoit de développer.

Durant sa semaine de travail, Fatima Lamyne, 47 ans, prospecte le marché et rencontre des clients pour leur proposer ses services de secrétariat administratif. Quand elle décroche une mission, elle travaille chez elle, dans le Val de Marne, et se fait payer sur facture. Cette facture, c’est la Coopérative d’activité et d’emploi (CAE) dont elle fait partie qui l’encaisse. En contrepartie, la CAE lui verse chaque mois un salaire, dont le montant est calculé selon le chiffre d’affaires prévu de son activité. Résultat : Fatima est à la fois salariée, de par son mode de rémunération, et entrepreneuse, en ce qui concerne son mode de travail. Une alternative sécurisante à l’auto-entrepreneuriat.

« Quand j’ai quitté la boîte où j’étais salariée depuis dix ans, j’ai d’abord choisi le statut d’autoentrepreneur, plus rassurant ». Pas de charges si l’on ne facture pas, c’était la promesse de « l’entreprise en un clic ». Donc pas de risques. Mais la réalité du terrain s’avère vite moins rose. « On a commencé à annoncer des nouvelles normes sur ce statut, se souvient-elle. Et j’ai constaté que le statut d’autoentrepreneur n’était pas très valorisé auprès des clients ». Surtout, il ne garantit aucun droit au chômage, et assez peu pour la retraite. Fatima découvre alors Coopaname, une CAE parisienne, la plus grande de France avec 600 entrepreneurs-salariés. En France, il existe aujourd’hui 92 CAE, qui regroupent 5 000 personnes. Mais cette structure juridique reste assez confidentielle, car assez peu visible : à différence d’un espace de co-working, elles ne correspondent pas forcement à un lieu physique. (...)

les CAE constituent d’abord un banc d’essai pour lancer une activité. Depuis novembre 1995, date de lancement de la première CAE – Cap Service, à Lyon – deux réseaux de CAE ont émergé. Le plus ancien, Coopérer pour entreprendre, est majoritaire avec 68 des 92 CAE de l’Hexagone, dont Coopaname. Il s’agit de coopératives qui veulent permettre au plus grand nombre de créer son emploi. Aucune barrière n’est opposée à l’entrée de nouveaux porteurs de projet : ils étaient 2 500 à venir grossir les rangs du réseau rien qu’en 2012. Ces entrepreneurs-salariés signent une convention d’accompagnement par un tuteur pendant la phase de démarrage et deviennent salariés dès qu’ils commencent à émettre leurs premières factures. (...)