
Fraude boursière, blanchiment d’argent… Selon la justice américaine, une importante vente de navires des Constructions mécaniques de Normandie au Mozambique, en 2013, a été entachée de corruption.
C’était le « contrat du siècle » pour les Constructions mécaniques de Normandie, les CMN. Le 30 septembre 2013, le président François Hollande vient célébrer à Cherbourg une commande de 200 millions d’euros. Celle-ci offre une bouffée d’oxygène au chantier naval qui tourne alors au ralenti. Elle porte sur la fourniture de vingt-quatre navires de pêche et, plus surprenant, six patrouilleurs à un armement thonier basé au Mozambique, Ematum.
Huit « conspirateurs » visés par l’enquête
Cette vente de navires, on l’a appris plus tard, s’inscrit dans une série de marchés passés en 2013 et 2014 par le groupe Privinvest, maison-mère des CMN, avec trois sociétés parapubliques du Mozambique, l’un des pays les plus pauvres d’Afrique. Deux banques, le Crédit Suisse et VTB Capital, une banque russe, ont levé les capitaux nécessaires. Au total, il y en a pour 2 milliards de dollars.
Pots-de-vin, fraude boursière, fraude électronique, blanchiment d’argent… La justice américaine estime aujourd’hui que les contrats passés par Privinvest ont servi de « couverture » à une vaste escroquerie qui a permis à huit « conspirateurs » de s’enrichir de manière illicite. Sont visés trois responsables mozambicains, dont l’ex-ministre des Finances, Manuel Chang, deux responsables du groupe Privinvest, dont son chef des ventes, et trois anciens cadres du Crédit Suisse. (...)
Lui-même incapable de rembourser les sommes empruntées par Ematum, l’État du Mozambique a trouvé un nouvel accord avec les créanciers au mois de novembre dernier. Il a été convenu que le remboursement du principal de la dette, qui atteint désormais plus de 900 millions de dollars avec les intérêts impayés, est repoussé à 2029. Pour compenser le manque à gagner des créanciers, il a été convenu qu’ils toucheront aussi 5% des revenus de deux importants projets gaziers offshore, pour un montant maximum de 500 millions de dollars..
Le fondateur d’une société de mercenaires à la rescousse (...)