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Chantiers de Saint-Nazaire et de Turku : les frères ennemis de la navale
Article mis en ligne le 27 mai 2014
dernière modification le 24 mai 2014

Alors que les chantiers européens du coréen STX sont en vente, a-t-on appris le 24 mai, les salariés de Saint-Nazaire sont plus sereins que ceux de Turku, dépossédés par les Français des commandes décisives du paquebot Oasis. Quel site saura le mieux se vendre ? Reportage croisé, à Saint-Nazaire et à Turku, en Finlande.

Si la peur du vide n’est pas palpable dans l’estuaire de la Loire, c’est avant tout parce que les salariés nazairiens savent que l’État, actionnaire à 33 %, tend un solide filet de sécurité. A retardement, le gouvernement de Helsinki a révélé vouloir l’imiter le 8 mai en s’alliant avec l’allemand Meyer Werft pour négocier le rachat de son site, situé à 170 kilomère de la capitale finlandaise.

L’Oasis, raflé à la Finlande
La commande de l’Oasis 3, le plus grand paquebot du monde, logiquement censée revenir au chantier finlandais puisque c’est là-bas qu’avaient été assemblés les deux premiers modèles, lui a été raflée en décembre 2012 par son frère ennemi, Saint-Nazaire.

Aujourd’hui, sa cale sèche de 365 mètres de long et 80 mètres de haut est déserte. Pourtant, « quelques semaines auparavant, quand on croyait ce contrat de 1 milliard d’euros acquis, cela avait été célébré dans toute la ville », se souvient Sanna Forslund, ancienne responsable du projet Trooli de la municipalité, destiné à accompagner les travailleurs du chantier au chômage partiel vers une reconversion ou une recherche d’emploi.

À l’époque, la mairie de la cinquième ville du pays décide même de mettre un terme à ce programme cofinancé par le Fonds social européen, démarré en janvier 2010 parce que « 2009 avait aussi été une année catastrophique, le carnet de commandes était vide ». Avec la perte de l’Oasis, les 2 700 participants réguliers du projet Trooli sont de nouveau livrés à eux-mêmes.

Protectionnisme à peine déguisé
Explication de ce revirement : compte tenu de son endettement colossal, STX n’était pas capable de fournir seul des garanties aux banques. Or le gouvernement finlandais a estimé qu’en tant qu’industriel le conglomérat devait se débrouiller et a refusé d’apporter sa caution.

Contrairement à l’État français, qui a cédé à la pression de la maison mère au nom d’un protectionnisme à peine déguisé, en mettant en place un pool bancaire solide qui a rassuré RCI, le client américain. Résultat, Saint-Nazaire a remporté le gros lot. Et depuis, les commandes se sont enchaînées.

Les vases communicants de l’emploi
Par un effet de vases communicants, le carnet de commandes est quasiment vide. À long terme, le ciel semble davantage dégagé côté Atlantique qu’en mer Baltique, car le bassin d’emploi nazairien a su se diversifier à double titre. En dehors de STX, d’abord, avec le développement de Total, et surtout du secteur aéronautique. (...)