
A quelques mois d’élections municipales et en pleine crise économique, le bouc-émissaire est trouvé : les Roms.
Ceux-ci rassemblent contre eux l’opposition et une partie de la majorité. La presse se libère et publie une « carte des Roms ». Le ministre de l’intérieur Manuel Valls souligne que « seule une minorité de Roms souhaite s’intégrer » et le chef de l’Etat n’y trouve rien à redire. Dans quelques jours, après qu’un vaste relais ait été donné à ces propos, un sondage viendra confirmer que 99 % des Français ne veulent plus de Roms dans leur jardin. [1] Pourtant, il n’est pas certain que la démagogie soit si payante que cela à terme.
Qui sont les « Roms » ? Les groupes mis en cause – expulsables car étrangers en situation irrégulière - sont environ 20 000, originaires de Roumanie, de Bulgarie et d’autres pays d’Europe de l’Est. Comment un si petit groupe de population démuni pourrait-il mettre en péril notre société ? Dans l’opinion, ce sont bien l’ensemble des « groupes tsiganes » qui sont visés. Ils comptent environ 400 000 personnes en France. Le problème, c’est qu’ils sont le plus souvent tout à fait Français, depuis des générations et rassemblent des populations aux origines et aux modes de vie très différents…
Ces populations ont en commun de vivre souvent dans des conditions très difficiles (sites pollués, absence d’électricité et d’eau courante, etc.). Leur espérance de vie se situerait entre cinquante et soixante ans. Les adultes exercent une activité économique à la marge, pas toujours de façon légale (ils en ont rarement le droit), et subissent encore plus que les autres les conséquences du ralentissement de la croissance. Comme l’écrit Christophe Robert : « Les groupes tsiganes s’inscrivent dans les interstices que la société leur laisse libres (...)