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Chine : les webcams de l’artiste Ai Weiwei n’ont pas fait rire Pékin
Article mis en ligne le 6 avril 2012

Le projet aura duré 46 heures. Avec dérision, l’artiste contestataire chinois Ai Weiwei avait installé des webcams dans sa maison, proposant à « ceux qui l’aiment ou qui ne l’aiment pas » de guetter ses faits et gestes. Les autorités l’ont obligé à les débrancher.

Ai Weiwei voulait fêter l’anniversaire en public, Pékin lui a fait baisser le rideau plus tôt que prévu. Il y a un an l’artiste chinois reconnu internationalement pour son travail aux milles facettes et ses doigts d’honneur répétés au pouvoir de Pékin était arrêté et disparaissait pendant 81 jours, soulevant une vague de soutien dans le monde entier.

Dans un hommage très personnel à cette détention en dehors de tout cadre légal, Ai Weiwei avait placé mardi quatre caméras à son domicile, dont les images étaient diffusées en direct sur le Web. Avec les Weiweicam, Ai faisait une fois de plus la preuve de sa force de dérision, exhortant les autorités à « faire preuve de la même transparence ». (...)

Déjà très populaire pour son œuvre artistique et ses photos documentaires en ligne, il est devenu le leader d’une dissidence qui ne se cache pas. Une célébrité qui lui offre une attention constante des médias internationaux durant cette année mouvementée.

Hasard des dates, les Weiweicams avaient été mises en service au lendemain de trois jours de bâillonnement du Net chinois. Alors que les réseaux sociaux s’enflammaient depuis quelques temps à propos de rumeurs de coup d’Etat, Pékin avait décidé d’interdire les commentaires sur Weibo ou Tencent.
(...)

Avec ou sans webcams, Ai Weiwei continue donc son travail artistique : il participe à un projet de design dans le cadre des JO de Londres, fait l’objet d’une exposition au Jeu de paume à Paris et en prépare une à Washington pour l’automne.

Il dit « aller bien », malgré sa situation toujours aussi kafkaïenne.

« Je suis supposé être un homme libre, à moins qu’ils m’accusent encore et me mettent en prison. Mais sinon, je devrais être libre. Mais je ne sais pas vraiment, ce n’est pas clair. »

Les autorités savent pourtant être claires quand elles le veulent : au téléphone on lui a expliqué que la mise hors-service des caméras était un « ordre strict ».

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