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Chômage partiel : comment le gouvernement subventionne de futurs licenciements
Article mis en ligne le 25 mars 2012
dernière modification le 22 mars 2012

Présenté comme un instrument de lutte contre le chômage et un moyen pour les entreprises françaises de faire face à la compétition mondiale, le dispositif de chômage partiel concerne 90 000 salariés chaque mois et coûte au moins 600 millions d’euros par an. Si ce chômage temporaire subventionné permet de retarder des licenciements, le revers de la médaille est moins reluisant : promesses de maintien dans l’emploi non tenues, absence de formations pour les salariés concernés…

Mettre à pied les salariés plutôt que de les licencier, quand les carnets de commande se dégarnissent : c’est le principe du chômage partiel, appelé aussi chômage technique, qui concerne chaque mois 90 000 employés. Arrivé dans les politiques de l’emploi françaises dès les années 1920, cet outil dit de régulation a été réactivé et assoupli en 2008, pour absorber le choc de la crise. Lors du sommet social du 18 janvier, le chômage partiel a fait l’objet d’un large consensus. Patrons, syndicats de salariés et gouvernement se sont globalement accordés pour simplifier l’utilisation de ce dispositif afin d’en faciliter le recours. Abus de financements publics, promesses de maintien dans l’emploi et de formations non tenues par les entreprises, absence de contrôle : le dispositif pose pourtant de nombreuses questions. Et avant tout son efficacité relative à son coût.
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Prévu en cas de graves menaces sur l’emploi, le chômage partiel n’est pas toujours utilisé à bon escient. « Entre deux semaines de chômage partiel, ça tourne tellement vite que les personnes qui ont des problèmes physiques n’arrivent plus à suivre et finissent par être licenciés pour inaptitudes au travail ! », s’insurge Fabrice Lucas, élu CGT à l’usine PSA de Rennes. « On pourrait clairement calmer les cadences, et réduire le nombre de jours chômés. » Les moments de moindre cadence pourraient être utilisés pour le nettoyage, le rangement, les réparations, ou les échanges entre production et maintenance, pour diminuer le nombre de pannes. Mais ce n’est pas le choix privilégié. Certaines entreprises, telle Renault, utilisent même le dispositif de chômage partiel afin de tester des formes extrêmes de flexibilité. (...)

l’entreprise perçoit les subventions liées au chômage partiel (grâce à l’arrêt de la chaîne de production) tout en imposant des heures supplémentaires défiscalisées aux salariés en poste. Ce cumul, qui permet de toucher deux fois les aides publiques, est évidemment interdit, et normalement sanctionné. Mais le ministère du Travail ne semble pas au courant de la pratique.
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Autre entorse aux textes de loi : le très faible recours à la formation pendant les périodes chômées, alors qu’il est normalement obligatoire. Depuis le 7 février 2012, les entreprises qui s’engagent à former leur chômeurs techniques pourraient les payer à 100 % de leur salaire, via des finances publiques. Dans les couloirs des entreprises, tout le monde s’accorde pour dire que ce sera des « formations bidons, courtes, sans intérêt et inutilisables par la suite ». (...)

S’il peut ponctuellement éviter les licenciements, le chômage partiel ne peut pas grand-chose face à la crise profonde et durable. D’autant que ces dernières années la précarisation du marché du travail concerne essentiellement des contrats d’intérim ou des CDD non renouvelés. Un problème auquel le chômage partiel ne répond pas, ne concernant que les emplois pérennes.
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D’un côté, le chômage partiel est imposé. De l’autre, des salariés, en particulier les femmes, sont obligés de cumuler plusieurs emplois pour arriver à un revenu minimum, regrette Éric Beynel, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires.« Nous sommes assez réservés sur la manière dont le chômage partiel est utilisé et financé : les entreprises transfèrent une partie de leurs dépenses sur la collectivité », estime-t-il. Solidaires est à l’initiative d’une manifestation « pour le droit à l’emploi » le 24 mars pour reposer, en pleine campagne présidentielle, les questions du partage du temps de travail, de la santé des travailleurs, de la précarité et du niveau des salaires. (...)

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