
Officiellement, la direction de Renault s’engage à ne pas fermer d’usines en France si les syndicats acceptent de conclure un nouvel accord sur la compétitivité. Un accord qui ressemble davantage à un véritable plan d’austérité pour les salariés, assorti d’un chantage à l’emploi.
Ou comment mettre en concurrence ses ouvriers français, espagnols, britanniques ou roumains, pour promouvoir des régressions sociales généralisées. De leur côté, les dirigeants et les actionnaires, dont l’État, continuent d’en profiter. (...)
Pour mettre en concurrence ses sites de production, Renault profite pleinement de sa nouvelle dimension internationale. Qu’importe si les salariés refusent ici les nouvelles règles. D’autres les accepteront ailleurs aux dépens des premiers. C’est ce qui est en train de se passer en Espagne. (...)
Pour accentuer la pression sur ses salariés français, la direction de Renault s’est amusée à comparer la productivité de ses usines en France, en Espagne, au Maroc et au Royaume-Uni. (...)
au vu de ces ratios caricaturés, les Français sont loin d’être suffisamment compétitifs, répète depuis quelques mois la direction du groupe. De là à considérer « qu’une seule usine de montage et une seule usine de mécanique pourraient être suffisantes en France », contre les 13 actuelles, il n’y a qu’un pas, qu’aurait allègrement franchi Gérard Leclercq, directeur des opérations de Renault en France, en avril dernier [3]. Depuis, la menace n’a fait que se préciser. (...)
Les exigences de compétitivité imposées par Renault et les régressions sociales incarnées par le modèle Nissan se font déjà sentir en France. Le nombre de maladies professionnelles causées par des affections articulaires – les « TMS » (troubles musculo-squelettiques) – ont progressé de 43% en deux ans ! Des TMS en partie provoquées par l’intensification des périodes d’activité, entrecoupées de périodes de chômage partiel. (...)
Alors qu’une épée de Damoclès va s’abattre sur les ouvriers de Renault, que fait l’État, actionnaire à 15%, qui y compte deux administrateurs ? Pour l’instant, rien. L’État a abondamment soutenu l’industrie automobile « made in France » au début de la crise financière. Il a accordé à Renault un prêt avantageux de 3 milliards d’euros en 2009. Il a renfloué son établissement financier à hauteur d’un milliard d’euros (ainsi que celui de Peugeot). Il a accru son indemnisation du chômage partiel. Aujourd’hui, le ministre du redressement productif demeure étrangement muet face à l’avenir sombre qui se dessine pour les salariés français, quel que soit leur choix face au chantage. (...)