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blogs de Médiapart/ jimmy.behague Responsable national Génération-s délégué au handicap et à l’inclusion et président de la Neurodiversité-France
Comment le handicap ruine
#handicap #bureaucratie
Article mis en ligne le 23 décembre 2022

Le handicap est un business lucratif en France. Il rapporte beaucoup pour certains et coûte énormément pour les familles et les personnes concernées. Les dispositifs publics insatisfaisants ajoutent de la détresse économique et sociale.

Vous n’êtes même pas certain de parvenir au bout du parcours que cela vous demande déjà énormément de dépenses. Les institutions publiques n’étant pas nécessairement les plus qualifiées, les personnes en situation de handicap trouvent refuge auprès des professionnels libéraux. 
Et là, préparez vous, le tiroir-caisse sonne.

Pour un diagnostic d’autisme il faut compter en moyenne entre cinq et six cent euros. 
Pour un test de QI, Un Wais, il faut parfois investir entre deux cents et trois cent euros. 
Pour des diagnostics de troubles neuro-développementaux en général c’est plusieurs centaines d’euros. 
Pour les spécificités physiques, le matériel coûte très cher. Un fauteuil par exemple, n’est jamais remboursé intégralement et les dépenses peuvent correspondre à des milliers d’euros. Il en est de même pour les prothèses auditives. Et sans mutuelle, de simples lunettes, la participation de la sécurité sociale se résume à des centimes. 

Ce n’est que le début. 
Si vous parvenez à un diagnostic et à des équipements, il convient ensuite de procéder à la reconnaissance en MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), le chemin est sinueux. Ce sera votre unique moyen d’obtenir des aides financières et humaines. 
Il convient tout d’abord de multiplier les comptes rendus de spécialistes, les devis, les certificats médicaux. Ce sont encore des dépenses qui conduisent à plusieurs centaines d’euros. Sachez que si par miracle un CMP daigne faire le diagnostic et délivrer le précieux certificat médical, il n’est malheureusement pas très reconnu par les MDPH et vous avez des risques de ne pas accéder aux aides souhaitées. 

Ensuite il se passe des mois, parfois plus d’un an. 
Pendant ce temps vous continuez de payer. Payer les spécialistes pour les thérapies, les accompagnateurs, le transport, les médecins. Quasiment rien n’est remboursé et la plupart dépasse de loin le plafond de remboursement de la sécurité sociale. (...)

Il suffit d’un peu de volonté politique agrémentée de quelques constats. 
Un handicap cela ne s’en va pas d’un claquement de doigt, il est donc anormal de devoir refaire un dossier MDPH constamment. Pour en montrer le ridicule sachez qu’une personne qui est malvoyante devra renouveler son dossier. Il en est de même pour une personne autiste ou trisomique alors que la condition de ces personnes ne peut changer. 
Un premier acte fondateur serait de considérer que pour les spécificités qui sont invariables, alors aucun dossier de renouvellement n’est exigé. Si jamais l’usager exprime un besoin de revoir ses droits alors il pourra lui-même en faire la demande. 
Une deuxième solution est que pour toutes les personnes sujettes à un état évolutif, les droits doivent être prorogés pendant la période de traitement de la MDPH. Les personnes en situation de handicap n’ont pas à subir le temps administratif. (...)

Il n’est pas compliqué de légiférer sur ce sujet, ce n’est qu’une question de volonté politique.