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Miroir social
Comment on assassine le syndicalisme revendicatif...
Article mis en ligne le 11 mai 2011
dernière modification le 8 mai 2011

Destruction massive d’emplois. Selon la note de la direction du Trésor de janvier 2011, « la récession s’est traduite par d’importantes pertes d’emplois dans les branches principalement marchandes non agricoles (331 000 en 2009, après 183 000 en 2008). En début de récession, l’essentiel de l’ajustement s’est porté sur l’intérim… Sur la période 2008-2009, l’emploi intérimaire a représenté à lui seul près de 30 % des destructions d’emplois. Ces destructions se sont concentrées entre le deuxième trimestre de 2008 et le premier trimestre de 2009… ».

Selon cette même note, les premières victimes ont été les jeunes, les ouvriers et les bas salaires. Cette brutale dégradation de l’emploi pour les ouvriers et les jeunes (514 000 emplois détruits au total en deux ans) en les expulsant du travail a approfondi la misère et la précarité.

le revenu moyen des 0,01 % des ménages les plus aisés a augmenté de 40 % entre 2004 et 2007, contre 10 % pour le reste de la population. La part des prestations sociales dans le revenu des 10 % des ménages les plus modestes atteint près de 40 %, ce qui indique l’extrême faiblesse du revenu de leur travail !
Ce constat implacable a une conséquence majeure : affaiblir les syndicats et leur capacité d’intervention. Ajoutons que cette baisse de masse salariale est la première depuis la libération. Ce phénomène exceptionnel a amplifié la pression sur les travailleurs et donc sur leurs syndicats. (...)

Cette brutale agression contre les travailleurs s’est développée dans un contexte d’une organisation du travail profondément bouleversée ces 30 dernières années. (...)

Six millions 750 000 salariés travaillent dans des entreprises de moins de 50 salariés donc sans comité d’entreprise et, dans la quasi totalité de celles-ci, sans présence syndicale (...)

Il faut rajouter à ces près de 7 millions de salariés, plus d’un million travaillant dans des entreprises entre 50 et 100 salariés, pour lesquels, comme l’indique l’enquête de la Dares, aucun accord d’entreprise ne s’applique sur les salaires ni sur l’emploi ou le temps de travail. En effet, les 39 000 accords d’entreprise signés par les syndicats en 2009 ne couvrent que des entreprises de 100 salariés et plus. (...)

Ce sont donc près de 8 millions de salariés qui travaillent sans la protection de l’action de délégués syndicaux, action visant traditionnellement à faire respecter le Code du Travail, les conventions collectives et à limiter l’arbitraire patronal.

Ce nombre est d’ailleurs en augmentation depuis 1980. (...)

L’une des caractéristiques de la mondialisation est l’augmentation du nombre et de la puissance des multinationales. En France, toutes les entreprises du CAC 40 sont d’ailleurs des multinationales.

Leur nouveau modèle d’entreprise se compose de trois volets : un management important au revenu démesuré (1) (ainsi, il sera plus près des actionnaires que des salariés-producteurs !), de grands centres composés essentiellement d’ingénieurs et cadres et une chaîne de sous-traitants locaux ou délocalisés (productions et services) rassemblant majoritairement des ouvriers et des employés. (...)

Dans les grands centres, comme le montre les statistiques de l’INSEE et l’enquête de la Dares, la présence syndicale est souvent multiple et des accords de droit syndical ou de dialogue social y sont en application (...) (...)

Les directions des fédérations syndicales, désignant les délégués syndicaux centraux dans ces groupes, traditionnellement plus consensuels que les syndicats de base, alimentent ce phénomène conciliateur appelé dialogue social. Mais l’expulsion des couches ouvrières, socle du syndicalisme traditionnel et de classe, vers la sous-traitance est le premier facteur de fragilisation des syndicats.
(...)

Quant à la chaîne des sous-traitants elle-même, constituée essentiellement de petites structures, la syndicalisation y est faible et rendue de plus en plus difficile par la combinaison des seuils d’effectifs et des nouvelles dispositions inscrites dans la loi du 20 août 2008. (...)

La loi du 20 août conforte ainsi le modèle de l’entreprise « globalisée » en poussant au syndicalisme d’entreprise, placé sous la pression permanente et directe des directions d’entreprise. La présence syndicale n’étant tolérée dans les grands centres que dans la mesure où elle est intégrée au consensus sur la compétitivité, elle a tendance à entrer en contradiction avec le syndicalisme confédéré. Les origines du syndicalisme confédéré reposent sur la nécessité de surmonter les divisions entre salariés d’entreprises différentes et l’action interprofessionnelle pour l’égalité des droits. Pour ces raisons aussi, la loi va bouleverser le paysage syndical. (...)

Parce que l’ordre de la « mondialisation capitaliste » a impérativement besoin de régimes autoritaires garantissant au capital financier le pillage des ressources naturelles, des matières premières et la surexploitation des travailleurs, ce « syndicalisme » en est composante. C’est vers ce modèle que tendent tous les régimes des pays d’Europe, notamment coté syndical à travers la CES. (...)

La question centrale est celle de la démocratie dans le pays, dans le syndicat et dans l’action. La reconquête de la souveraineté et de la démocratie dont le droit pour la classe ouvrière de faire valoir et défendre ses intérêts, de disposer de syndicats libres et confédérés, est l’enjeu majeur des mobilisations en Europe et partout dans le monde depuis le début de la révolution en Tunisie(...)
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