
Depuis l’ouverture du marché à la concurrence en 2007, de nouveaux fournisseurs d’énergie apparaissent. Chacun peut soutenir le marché des renouvelables en se tournant vers un fournisseur alternatif.
« Aujourd’hui, seulement 12 à 15 % des Français se penchent vers des fournisseurs alternatifs », déplore Lancelot Hauthuille, le fondateur de Plüm, un fournisseur d’énergie renouvelable. Si les changements climatiques et la raréfaction du pétrole conduisent peu à peu nos sociétés à changer de manières de vivre, il est urgent que les politiques et les entreprises énergétiques se tournent vers des formes d’énergies moins dangereuses et plus pauvres en carbone.
Aujourd’hui les sources d’énergie renouvelables (solaire, hydraulique, éolien, géothermique ou biomasse) sont les voies les plus sûres pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Néanmoins, pour que le marché se développe, il faut l’encourager. Alors, passons à l’acte !
Qui propose de l’électricité renouvelable ?
Sur le marché des énergies vertes, il y a plusieurs types d’acteurs : les producteurs d’énergie, les services de transports et de distribution (RTE et Enedis, organismes publics) ainsi que les fournisseurs qui achètent l’électricité pour la revendre aux consommateurs. L’ouverture du marché à la concurrence a fait entrer deux vagues de nouveaux fournisseurs : la première avec Enercoop (créée en 2005), Lampiris (né en 2005 et qui appartient désormais à Total), puis Planète Oui (2007) ; et la deuxième deuxième génération avec Plüm (2015), ekWateur (2016) et Ilek (2016).
À noter également que dans certaines communes, il y existe ce qu’on appelle des « entreprises locales de distribution d’électricité gaz » (ELD) : des monopoles locaux qui fournissent de l’énergie à leur localité. En France, on compte 150 ELD, mais ces dernières ne sont pas obligées de proposer une offre d’énergies renouvelables. Parmi celles qui ont fait le choix des énergies vertes, on peut citer : GEG Grenoble, Energem, ou Alterna (qui regroupe une trentaine d’ELD).
Comment se déroule la transition à la maison ?
« J’ai changé de fournisseur directement en emménageant. En réalité, c’est simple, il faut juste se rendre sur le site et devenir sociétaire, rentrer son adresse et son numéro de compteur [valable aussi même si on n’a pas déménagé]. Ce sont exactement les mêmes formalités qu’un fournisseur d’énergie classique comme EDF », explique Oriane, étudiante en école de commerce à Bordeaux, et cliente d’Enercoop depuis deux ans. (...)
Comment savoir si l’électricité provient bien de sources d’énergie renouvelable ?
Comment être certain de l’origine de l’électricité, s’il n’est pas possible de distinguer un électron produit par une centrale nucléaire, d’un électron provenant d’un parc éolien, une fois celle-ci injectée dans le réseau ? Depuis mai 2013, les fournisseurs d’énergie peuvent faire appel à Powernext, la société qui gère le registre des garanties d’origine.
Le fournisseur a alors deux choix possibles : il peut acheter la garantie d’origine en même temps que l’énergie verte auprès du producteur, ou l’acheter séparément auprès d’un prestataire de service. La garantie d’origine peut être cependant un leurre, du « nucléaire repeint en vert », selon un employé d’Enercoop qui préfère garder l’anonymat. Car si le fournisseur achète les garanties d’origine séparément, rien ou presque, ne revient aux producteurs d’énergie renouvelable. Alors que si le fournisseur achète l’énergie directement aux producteurs, ces derniers bénéficient d’un revenu.
Soutenir les producteurs locaux
L’offre verte « classique » consiste pour le fournisseur à se procurer l’énergie — si possible la moins chère sur le marché et par conséquent, pas forcément verte — tout en achetant parallèlement ce que l’on appelle des « garanties d’origine », qui certifient qu’une quantité d’énergie de source renouvelable a été injectée dans le réseau (ce que font Engie, Plüm et Direct Énergie, par exemple).
Jusqu’à présent, le seul fournisseur à acheter directement l’énergie aux producteurs locaux d’énergie renouvelable est Enercoop. (...)
Plus cher que ses concurrents, Enercoop choisit en effet de soutenir financièrement les producteurs : « Si nous voulions casser les prix, nous pourrions acheter de l’énergie nucléaire sur le marché et trouver un intermédiaire de garantie d’origine, mais nous préférons soutenir les producteurs d’énergies renouvelables », car, en effet, sans traçabilité économique, aucun moyen de savoir le montant final qui revient aux producteurs.
Depuis 2016, Ilek, une start-up toulousaine, a créé une plateforme communautaire qui met en relation les consommateurs avec les producteurs locaux d’énergies renouvelables, pour que ce soit le client, directement, qui soutienne le producteur de son choix.
Économiser l’énergie
Et si la manière de consommer l’énergie comptait davantage ? C’est une question que s’est posée Plüm, un fournisseur d’énergie créé en 2016 par Lancelot Hauthuille, Vincent Maillard et Joanny Christ, qui encourage ses clients à faire des économies d’énergie en leur permettant de gérer leur consommation (grâce à des conseils en ligne et un système de récompense en cas de bon comportement). (...)
Pour résumer, même si Enercoop semble aujourd’hui proposer l’offre énergétique la plus complète et vertueuse d’un point de vue environnemental — en fixant des contrats directement avec des producteurs locaux et en développant trois filières des énergies renouvelables (hydraulique en grande majorité, éolien et solaire) — de nouveaux acteurs sont arrivés sur le marché avec des objectifs différents et complémentaires.
Si Plüm ne soutient pas directement les producteurs, il concentre ses efforts sur l’éducation des consommateurs, ekWateur développe quant à lui une nouvelle filière du renouvelable en proposant du biométhane, et Ilek crée un circuit court numérisé entre producteurs locaux et clients. À chaque citoyen(ne) de voir ainsi quelle démarche convient le mieux à ses valeurs et son budget !