
Entretenir parcs et rues sans recourir aux pesticides, c’est possible ! A l’Isle d’Espagnac, Mme le maire montre avec fierté le beau panneau "Terre saine" obtenu, non sans accroc, par sa ville.
Au 1er janvier, ces produits chimiques seront interdits aux collectivités. En Charente, la commune de 5.500 habitants a pris les devants, comme plus de 4.000 autres en France.
Dans les rues de ce bourg tranquille collé à Angoulême, le changement saute à peine aux yeux : un peu d’herbe au pied des murs, plus loin une petite jachère fleurie...
Pourtant le passage au "zéro pesticide" aura marqué les esprits.
"Nous n’avons pas assez communiqué auprès de nos administrés", reconnaît Marie-Hélène Pierre, maire (PS). "La première année, il y a eu de l’herbe sur les trottoirs, la transition a été très brutale. Mais on a tenu bon. Les élus doivent être vraiment engagés, car ils s’en prennent plein la tête !"
La décision a été votée par le conseil municipal dès 2011, dans une région alors présidée par Ségolène Royal.
"Nous le faisons pour la qualité de l’eau, la santé de nos agents, celle de nos administrés", poursuit Mme Pierre : "C’est un devoir !"
Sauf que la binette va moins vite que le pulvérisateur. (...)
L’Isle d’Espagnac économise aussi 8.000 à 10.000 euros annuels de produits, et l’apicultrice est contente, et les vers luisants de retour, énumère Mme Pierre.
"Il faut le répéter : la commune n’est pas sale parce qu’il y a des herbes. Au contraire, il y a des herbes parce qu’elle est propre !"
L’opération rencontre encore quelques difficultés. Notamment au cimetière, couvert aujourd’hui d’un tapis herbeux qui lui confère une certaine douceur - mais qui l’été peut s’apparenter à un paillasson.
Cette vision n’enchante guère un public, généralement âgé, en quête de netteté. Aussi les agents trouvent parfois, autour des tombes, des traces jaunes caractéristiques du glyphosate (composant du Roundup).
"Ce n’est pas parce qu’on ne met pas de désherbant que nos administrés doivent le faire !", s’étrangle Mme le maire. (...)
Aujourd’hui la ville communique dès qu’elle le peut. Via ses agents, dans la presse, à l’école, mais aussi auprès de ses nombreux jardiniers amateurs, à qui elle propose ateliers et sachets de graines. Car au 1er janvier 2019, la vente de pesticides chimiques sera aussi interdite aux particuliers. (...)