
Même Buckingham Palace s’y est mis. Durant l’été, la résidence de la famille royale à Londres s’ouvre à la visite, et embauche pour ce faire 350 salariés à temps partiel. A temps parfois très partiel, révélait mardi le site du Guardian : les nouvelles recrues signent des contrats « zéro heure ».
Selon ceux-ci, les personnes embauchées n’ont aucune heure de travail assurée : tout dépend de la fréquentation. Le contrat – d’une durée de trois à quatre mois – stipule par ailleurs qu’elles n’ont pas le droit de travailler pour un autre employeur, histoire d’être toujours disponibles.
A Lille, dans un hôtel quatre étoiles qui accueille le temps d’une nuit des hommes d’affaires, les femmes de chambre étaient employées – en 2006, au moment d’un reportage – par un prestataire extérieur. Chaque soir, elles apprenaient combien d’heures elles auraient le lendemain pour nettoyer les chambres une fois les clients partis et avant que les nouveaux n’arrivent. Une, deux, trois, quatre heures ? Tout dépendait du taux de remplissage de l’hôtel.
C’est la situation qui, dans l’Hexagone, se rapproche le plus du cas britannique. Comment est-elle possible ? Suffit-il d’être employé à temps partiel ?
Non, répond Stéphane Béal, directeur du département droit social du cabinet d’avocats Fidal. En France, quand un salarié est embauché à temps partiel, l’employeur doit préciser dans le contrat :
- le nombre d’heures travaillées (sinon c’est considéré comme un temps plein, d’office) : l’Accord national interprofessionnel, conclu le 11 janvier 2013, impose en outre un minimum de 24 heures par semaine, sauf dérogations – à venir – pour certains secteurs ;
- la répartition de ces heures : dans la semaine (...)
Cette répartition peut cependant varier d’une semaine à l’autre. Quand cette possibilité est bien mentionnée dans le contrat de travail, le salarié doit motiver son refus s’il ne peut venir au nouvel horaire fixé : une obligation familiale impérieuse, un enseignement scolaire, un travail chez un autre employeur, etc.
En revanche, quand la possibilité n’est pas indiquée dans le contrat, le salarié peut refuser le changement d’horaire ponctuel sans avoir à se justifier. En théorie.
Quoi qu’il en soit, en cas de changement, le salarié doit en être prévenu au moins sept jours à l’avance, voire trois si un accord collectif a été signé dans la branche.
Bref, le contrat a temps partiel n’explique pas la situation des femmes de chambre à Lille : elles devraient sinon être prévenues au minimum trois jours à l’avance des changements d’horaires et effectuer un nombre d’heures total fixe chaque mois. (...)