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Contrôles au faciès : de l’injustice à la dignité retrouvée
Article mis en ligne le 23 juin 2020
dernière modification le 22 juin 2020

La voix de Michel Ratmi, 23 ans, est posée, le ton calme. Pourtant, le jeune homme est bien en colère. Une colère rentrée mais quand même. Il y a quatre ans, le jeune homme noir a croisé la route de la brigade anticriminalité des Sables-d’Olonne. Jusqu’ici, une routine pour lui. « Je me faisais contrôler jusqu’à une fois par semaine, se souvient-il. Bizarrement, mes amis blancs ne subissaient pas le même traitement. » Dans la nuit du 2 au 3 janvier 2016, alors qu’il se trouve dans un bar du port avec des copains, la police interpelle un de ses amis à quelques mètres. Il tente alors de persuader les agents de ne pas l’embarquer, en vain. « Là, une voiture de la BAC arrive. Trois policiers sortent du véhicule. Deux me mettent à terre. L’un d’eux me menace avec une clé portée à la gorge, me tire par le cou et me fait entrer de force dans la voiture. À l’intérieur, avec son pied, il bloque ma tête entre le siège conducteur et le siège passager tout en me frappant au visage avec ses poings. Dans la voiture, je crache mon sang. » Les policiers, eux, l’accusent d’avoir résisté avec véhémence à l’interpellation, d’avoir blessé l’un d’entre eux à l’épaule et de s’en être pris à leur véhicule. Michel Ratmi conteste leur version, mais reconnaît avoir insulté l’agent de la BAC : « Je lui ai dit : "Espèce de pédé, pourquoi vous me frappez ?" »

Aux urgences, les médecins constatent une hémorragie à l’œil gauche, un saignement du nez et un œdème aux lèvres. La photo de son visage ensanglanté fait froid dans le dos. Pourtant, la justice le condamne en octobre 2019 à quatre mois de prison avec sursis pour outrage et rébellion envers les policiers. Sa plainte, elle, est classée sans suite. Il s’apprête à en déposer une nouvelle et s’interroge : « On peut donc être victime des coups des forces de l’ordre et être condamné ? C’est ça, la justice ? Si demain, il m’arrive quoi que ce soit, je ne ferai pas le 17. J’ai plus peur de la BAC que des voyous. » (...)

il tente désormais de le trouver avec sa petite amie, dans une nouvelle ville, à Nantes, où il est étudiant en BTS métallurgie. « On a nos projets d’avenir, confie Lucie. Mais on est toujours très choqués par ce qui lui est arrivé et par toute cette violence. Nous n’avons plus confiance ni en la police ni en la justice. » (...)