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« Corruption silencieuse » et légèretés de la Banque Mondiale
Article mis en ligne le 13 mai 2010
dernière modification le 11 mai 2010

Le rapport 2010 des indicateurs du développement en Afrique sur la ‘’ corruption silencieuse est un exemple de plus des politiques de la Banque Mondiale visant à détourner l’attention. Détourner l’attention, délibérément ou non, afin d’éviter les questions fondamentales sur la compréhension de la pauvreté persistante et du sous-développement de l’Afrique. Détourner l’attention aussi parce que ce rapport cherche, probablement de façon consciente et à dessein, d’exonérer la Banque Mondiale de son propre rôle dans la perpétuation du mal développement de l’Afrique...

...Il ne peut être nié que la corruption silencieuse, telle que définie dans ce rapport, existe bel et bien. Il est important de reconnaître cette réalité qui a cours non seulement en Afrique mais dans le monde entier. Pointer l’Afrique du doigt n’est pas juste.

...il est exagéré de dire que la corruption silencieuse est en elle-même si grave qu’elle mine le développement de l’Afrique et qu’elle explique de façon significative la raison pour laquelle l’Afrique ne parvient pas atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)

...N’importe quel lecteur non averti trouverait surprenant - à en croire les statistiques mentionnées ci-dessus - qu’en Afrique de l’Est les enseignants apparaissent comme les plus corrompus de toute l’Afrique, mais que les policiers et les douaniers apparaissent, en comparaison comme des parangons de vertus.

...La Banque Mondiale est pour le moins opportuniste lorsque elle use de l’autorité des chercheurs pour promouvoir ses conclusions préconçues et pour étayer des arguments que les chercheurs n’ont pas avancés.

...en attirant l’attention sur la petite corruption (qui en effet existe en Afrique comme dans la plupart des pays du Tiers-Monde), la Banque Mondiale tente en vain de camoufler sa propre culpabilité dans la création et la perpétuation des conditions de pauvreté et de sous-développement dans les pays africains (et dans d’autres pays du Tiers-Monde).

C’est un fait connu que dans les années 1980 et 1991, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI), ainsi que la communauté des soi-disant donateurs et l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), ont élaboré un système assez raffiné, appelé Programmes d’Ajustement Structurels (PAS) et plus tard Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DRSP). Lesquels, en échange ‘’d’aide au développement’’, ont contraint ces pays à adopter des politiques prématurées de libéralisation et de privatisation de leur économie ainsi que d’autres politiques du même genre. Les preuves abondent depuis lors, qui montrent de façon incontestable que le PAS a eu un effet dévastateur, entraînant, entre autres, la désindustrialisation et le chômage massif dans les pays qui ont adopté les PAS et le DSRP. (1)...

...
C’est en désespoir de cause et par nécessité de survie que les enseignants, les infirmières et les échelons moyen et inférieur des fonctionnaires, ceux qui ne peuvent pas émigrer en Occident (et des milliers ont émigré) ont recours à la corruption silencieuse. Ceci n’excuse pas leurs actions, mais contribue largement à la compréhension des causes fondamentales de ladite corruption silencieuse que la Banque Mondiale blâme pour l’échec de l’Afrique à atteindre les objectifs du MDG...

...La corruption silencieuse pratiquée par les échelons moyen et inférieur des fonctionnaires, des enseignants, des infirmières, des policiers et des douaniers en Afrique, bien qu’indéfendable, est, vue dans son vrai contexte, ‘’ une résistance silencieuse’’ à la pratique quotidienne de la grande corruption des oligarques et ploutocrates au pouvoir en Afrique, de connivence avec la communauté des donateurs et de la ‘’grande coalition’’ de la Banque Mondiale, le FMI et l’OMC.