
Un mois après les terribles inondations qui ont fait une vingtaine de morts à Abidjan, plusieurs centaines de sinistrés ont décidé de faire du cimetière de la commune, leur abri de fortune. Une manière symbolique d’interpeller le gouvernement et de lancer un cri d’alarme pour qu’on leur vienne en aide.
(Parmi ceux qu’on surnomme ici les « déguerpis », des femmes comme Kadidjatou sont accompagnées de leurs enfants. Tous sont obligés de dormir là, faute de mieux. « On nous a mis dehors, on est là ici avec les enfants, on dort ici, les moustiques nous piquent, on a nulle part où aller. En tant qu’homme vivant on ne doit pas dormir dans un cimetière, mais on a nulle part où aller, comment faire autrement ?« , explique-t-elle.
Un quartier entier rasé
Dans l’ancien quartier de Kadidjatou, il ne reste plus que des ruines. Ce matin, elle nous ramène sur le site où se dressait sa maison il y a encore une semaine. Le quartier a été entièrement rasé après les inondations meurtrières survenues à Abidjan, laissant des centaines de familles à la rue. “C’était chez moi, ils ont tout détruit. J’étais là, ma grand-mère habitait ici. Ça fait 22 ans que nous habitons ici. Ça me fait mal parce qu’on ne nous a pas laissé de temps de sortir nos bagages. Quand on voulait les prendre, on nous a lancé des lacrymogènes. Le peu que nous avons réussi à faire sortir, on nous l’a volé », raconte Kadidjatou Samandoulgou.
L’école comme refuge
Quelques mètres plus loin, l’école du quartier sert de refuge à d’autres sinistrés. Un abri temporaire, dans des conditions difficiles. Ici, l’incompréhension rime avec la colère, tous affirment ne pas avoir été prévenus de la destruction du quartier. Une affirmation contredite par les autorités d’Abidjan qui expliquent avoir agi pour la sécurité de ces habitants.)
Témognage Video amateur :
Juin 2018 : inondations catastrophiques

Des morts dans des inondations à Abidjan, ce weekend
(...) Des habitations dans le quartier de la Riviera Palmeraie (commune de Cocody) sont inondées à environ deux mètres de hauteur, selon les témoignages de populations sinistrées, des routes sont impraticables, rendant inaccessibles certaines zones du quartiers (...), des gens ont construit sur les canalisations, empêchant l’écoulement normal des eaux, ont-elles relevé.
"Chaque année, à la même période, c’est le spectacle auquel on assiste", déplore un habitant qui souhaite que de "vraies solutions" soient trouvées à ces inondations.
Plus de 20 personnes ont péri dans des éboulements de terrains et inondations depuis le début de l’hivernage à Abidjan dont la plupart dans des quartiers précaires construits dans des zones à risques. Le plan d’organisation de secours (ORSEC) de l’office national de la protection civile (ONPC) est activé.
Le gouvernement sensibilise les populations habitant les zones à risque, afin d’y dégurepir. (...)
Côte d’Ivoire : pluies diluviennes et mortelles à Abidjan
(...) Terribles ravages d’une pluie torrentielle lundi soir et mardi matin sur plusieurs quartiers d’Abidjan. Des voitures submergées, des commerces dévastés, des habitations dont les portes ont été défoncées par la force de l’eau.
Côte d’Ivoire : démolition de maisons à Abidjan après les inondations
(...) Les autorités ivoiriennes ont commencé samedi à détruire des habitations et boutiques bâties dans des zones à risque à Abidjan, une mesure annoncée jeudi par le gouvernement après des inondations qui ont fait 18 morts (...)
Inondation à Abidjan : Des victimes se révoltent après le passage du président Ouattara
(...) S’il faut marcher pour nous faire entendre, on le fera. C’est l’Etat qui a fait faire des retenues d’eau qui ont cédé ; ce qui a provoqué l’inondation’’, s’est exprimée une personne qui fait valoir ses droits à la retraite, avant de poursuivre :’’ Moi, j’ai dû monter sur le toit pour attendre jusqu’au matin quand ma maison a été inondée. Il faut traiter le problème en amont’’.
A relire : Inondation à Abidjan /Voici les mesures prises par le gouvernement
Inondations à Abidjan : des sinistrés "oubliés"
(...) Tous les sinistrés rencontrés durant la journée pluvieuse du jeudi (21.06.) disent avoir perdu tout espoir de reprendre un jour leurs activités, si les pouvoirs publics ne font pas de geste pour les aider. Thomas Sampa, vendeur de matériels informatiques insiste, " nous sommes des sinistrés comme tout le monde ". Jessica, gérante d’un grand pressing aussi semble ne pas avoir autre alternative que d’en appeler à l’aide de l’Etat : " actuellement c’est sur l’État qu’on compte. Sinon qui va nous aider ? Nous avons besoin d’aide. »