Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
the conversation
Covid-19 : les classes populaires paient-elles le plus lourd tribut au coronavirus en France ?
Article mis en ligne le 23 mai 2020

Si les personnes âgées constituent le gros des victimes de la pandémie, les travailleurs et travailleuses d’âge moyen ont également été affectées par le Covid-19. C’est en particulier le cas des professionnel·les de santé et des employé·es dont les postes, au contact du public, augmentent le risque d’exposition au coronavirus.

Les demandes formulées par ces personnels en première ligne, qui allaient de la mise en place de mesures de protection sanitaire adéquates à la cessation des activités non essentielles, ont fait la une des journaux.

Dans le contexte de cette pandémie, les personnes occupant des emplois à bas salaires dans les services essentiels sont fréquemment contraintes, y compris pour des raisons économiques, de poursuivre leur activité en dépit des risques.

Risques de contamination sur le lieu de travail, conditions de logement difficiles et comorbidités pourraient alors, en agissant de concert, aggraver les inégalités sociales en matière de santé, avec un effet amplificateur des pertes de revenus et licenciements générés par la crise.

Des données récentes sur les hospitalisations liées au Covid-19 en France reflètent cette situation. (...)

Le département de Seine-Saint-Denis (93), en Île-de-France, est particulièrement représentatif de l’impact sur la mortalité des risques auxquels sont exposé·es les adultes en âge de travailler.

Bien que la population de Seine-Saint-Denis soit jeune, le décompte des décès permet de la classer au premier rang des départements français en matière de surmortalité au cours de l’épidémie (+126%).

Cette augmentation a été attribuée à la prédominance, au sein de la population active, des ouvrièr·es et employé·es occupant des emplois peu qualifiés et à leur niveau d’exposition au coronavirus sur les lieux de travail. (...)

Le graphique ci-dessous présente les familles professionnelles qui comptent le plus grand nombre de salarié·es exposé·es à des contacts directs avec le public dans le cadre habituel de leur travail avant l’épidémie, regroupées par quartiles salariaux. (...)

Outre les personnels du secteur de la santé et ceux des premiers secours, dont les revenus se situent dans les quartiles moyen et supérieur, les travailleurs et travailleuses de première ligne les moins bien payées, comme les agents de nettoyage, les aides à domicile et les employé·es du secteur alimentaire, sont parmi les plus exposées aux contacts avec le public.

La situation d’une part de cette main-d’œuvre potentiellement très exposée a toutefois changé après la mise en œuvre du confinement, à la mi-mars.
Évolution des risques

Si certaines personnes actives, comme les enseignant·es, ont pu travailler à domicile après le début du confinement, d’autres, en particulier dans la coiffure ou la restauration, ont subi du chômage partiel ou un arrêt forcé du travail, voire un licenciement. Leur exposition au virus sur leur lieu de travail a alors cessé, sachant qu’elles ont pu être infectées au début de l’épidémie. Celles qui ont continué à travailler sur site sont restées exposées à des risques importants. (...)

Le degré d’exposition au Covid-19 dépend des tâches et de l’environnement de travail, mais aussi du type de mesures de protection mises en œuvre par les entreprises et du calendrier de leur mise en application. (...)

Le degré d’exposition au Covid-19 dépend des tâches et de l’environnement de travail, mais aussi du type de mesures de protection mises en œuvre par les entreprises et du calendrier de leur mise en application. (...)

Fin mars, au moins 33% des salarié·es du privé travaillant sur site n’avaient toujours pas été pourvu·es en gants par leur employeur, et plus de 39% n’avaient pas de masque. L’accès à ces équipements de protection varie fortement en fonction du pouvoir de négociation, habituellement faible en cas d’emploi précaire. (...)

Les expositions professionnelles rapportées au domicile ont souvent été attribuées à des comportements peu rigoureux ; elles sont toutefois largement liées aux conditions de travail et de logement. (...)

Lorsque la prévention des risques professionnels échoue, la question de l’indemnisation se pose. Cette situation soulève d’autres problèmes d’équité entre professions : les personnels de santé sont les seuls à ce jour à avoir obtenu le droit à une indemnisation en cas d’infection par le Covid-19.

Les habitant·es des quartiers défavorisés sont souvent soupçonné·es de ne pas respecter les gestes barrières et les règles de distanciation sociale et de confinement. Bien que régulièrement réfutée par les autorités régionales de santé et de police, cette perception constitue un fardeau supplémentaire sur les épaules de ces populations.