
Crimes, agressions, dégradations… À une écrasante majorité, ce sont des hommes qui se rendent responsables de ces délits. Dans son essai (1), l’historienne Lucile Peytavin évalue le prix de ces violences qui mobilisent police, justice, services médicaux et éducatifs. Pour elle, pas de fatalité : c’est l’éducation différentiée donnée aux enfants qui prépare ces comportements.« Rien ne prédétermine les hommes à ces comportements asociaux. Ce n’est ni une question de cerveau, ni de production de testostérone, comme on peut l’entendre parfois. La biologie n’a donc rien à voir là-dedans ».(...)
les chiffres sont saisissants : en France, au XXIe siècle, un homme a six fois plus de risques de devenir meurtrier et cinq fois plus de devenir délinquant qu’une femme. Mais il me paraît important de le dire : rien ne prédétermine les hommes à ces comportements asociaux. Ce n’est ni une question de cerveau, ni de production de testostérone, comme on peut l’entendre parfois. La biologie n’a donc rien à voir là-dedans. Un simple exemple : une enquête menée auprès de 114 violeurs condamnés a montré que 89 % de ces hommes avaient des rapports sexuels consentis au moins deux fois par semaine avant le crime. Le viol n’est donc pas le fruit d’une pulsion incontrôlable. D’ailleurs, quand les hommes passent devant le tribunal, ils sont bien jugés responsables de leurs actes. La responsabilité incombe à l’éducation qu’on donne aux enfants de sexe masculin., 92 % des collégiens sanctionnés pour des atteintes aux biens ou aux personnes sont des garçons. Et ça commence même avant : dès l’école primaire, les filles témoignent de l’agressivité verbale ou physique des petits garçons. Des chercheurs ont relevé une violence systémique de la part des ados sur ceux qu’ils considèrent comme faibles : les filles, les timides, les gros, les « intellos », les homosexuels…(...)
Les valeurs viriles sont inculquées dès le plus jeune âge. On a même montré que les mères allaitaient différemment les bébés garçons et les bébés filles. Elles laissent plus facilement aux premiers le choix du moment de la tétée, alors qu’elles imposent un rythme aux secondes. Dès les premiers mois de vie, donc, les filles apprennent qu’il y a des règles à respecter.(...)
Dès bébé, on valorise la force et la vigueur des garçons. Plus tard, on installe la violence dans les jeux, en favorisant la bagarre, par exemple. Puis, on leur met entre les mains des films et des livres dont les héros, essentiellement des hommes, ont recours à la violence. Ce à quoi on assiste, c’est à une acculturation des hommes à cette violence. On en voit les conséquences. Et dans le même mouvement, on dévalorise le féminin. Par exemple, s’il est tout à fait admis et accepté que les filles peuvent avoir envie de s’inscrire au foot ou à la boxe, on a toujours plus de mal avec le petit garçon qui demande à faire de la danse.(...)