
L’interdiction de chansons jugées critiques à l’égard des autorités de la République démocratique du Congo (RDC) montre qu’il faut abroger sans attendre les textes de loi relatifs à la censure qui sont utilisés pour limiter la liberté d’expression dans le pays
Le 9 novembre, la Commission Nationale de Censure des Chansons et des Spectacles (CNCCS) de la RDC a interdit la diffusion de sept chansons , avant de lever l’interdiction le lendemain pour celle ayant le plus de succès, « Nini To Sali Te » (« Qu’avons-nous pas fait » en lingala), à la suite du tollé suscité par cette décision. Cependant, l’interdiction s’applique toujours pour les six autres chansons.
« Le recours à la censure pour réprimer la liberté artistique rappelle brusquement que les artistes risquent toujours d’être muselés pour leurs critiques en RDC, a déclaré Flavia Mwangovya, directrice adjointe pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands Lacs à Amnesty International.
Les autorités doivent abroger sans attendre le décret de 1996 qui leur permet d’interdire toute forme d’expression artistique qui n’est pas à leur goût. Elles doivent supprimer immédiatement ce texte de loi problématique et veiller à ce que les artistes puissent exercer leur droit à la liberté d’expression sans ingérence. »
Deux des chansons concernées – « Nini Tosali Te », du groupe Musique Populaire de la Révolution (MPR), et « Lettre à Ya Tshitshi », du musicien Bob Masudi, alias Bob Elvis – critiquent les injustices sociales croissantes en RDC, notamment le chômage, la famine, les homicides de civils et le manque d’accès à l’eau potable et aux soins de santé. (...)
« La liberté artistique n’est pas un délit. Les autorités doivent cesser de faire taire les artistes et permettre le plein exercice de la liberté d’expression » (...)