
Après l’annonce, en juin, d’une dégradation du marché de l’emploi américain, le chômage frappe 9,1 % de la population active. Plusieurs Etats du Midwest connaissent un phénomène de désindustrialisation. Les syndicalistes en imputent une partie de la responsabilité à l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena). L’histoire de Fostoria, ville industrielle de l’Ohio, ne les démentira pas.
(...) Pendant les deux jours que nous avons passé dans la ville, aucun admirateur de trains — ni aucun client d’ailleurs — ne peuplait le centre-ville. En revanche, l’unique librairie liquidait ses stocks à moitié prix en prévision de sa fermeture. A perte de vue, des parkings déserts s’étendaient au pied d’usines désaffectées : ici, Fostoria Industries (fours spéciaux), là, ThyssenKrupp Atlas (vilebrequins), plus loin encore le vendeur de voitures Graff Automall. Leur décrépitude témoigne du sort réservé à ce que les promoteurs de Fostoria célébraient naguère comme « une petite ville au centre de tout » (« a small town in the middle of everywhere »). (...)
Il existe maintes histoires et théories au sujet des bienfaits supposés du libre-échange. Aucune n’est aussi éclairante, cependant, que les témoignages des victimes de l’Alena. (...)