
Finalement, on n’apprécie ce que l’on a qu’au moment où on le perd.
C’est ballot.
La satisfaction par l’absence. La fin du confort signe ses inénarrables bienfaits.
Ça a commencé par l’eau. En fait, ça a commencé bien avant, avant même la tempête où j’ai pris conscience de notre terriblement vulnérabilité, de notre dépendance à l’énergie, où j’ai ressenti, pour la première fois, la nostalgie du quotidien. En fait, ça a commencé avant même le jour où mon père a troqué la Commodore pour la 4L. C’est comme si j’appartenais à la dernière génération qui a pu entrevoir le formidable bonheur consumériste au moment même où les cornes de l’abondance ont commencé à se tarir, ou plutôt, au moment où les plus gros convives ont commencé à refermer les portes de la salle du banquet au nez des nouveaux arrivants.
Du coup, on s’habitue à se souvenir des bonnes choses.
Comme de la sensation quasi orgasmique que peut procurer une bonne douche bien chaude de bon matin. (...)