
lle s’appelait Saamiya Yusuf Omar et portait le dossard 2895 aux JO de Pékin, en 2008. Elle était l’une des deux seules athlètes à représenter son pays, la Somalie. Elle avait même été désignée comme porte-drapeau lors du défilé de la cérémonie d’ouverture. Les spectateurs l’avaient applaudie, émus, dans sa série du 200 mètres, au cours de laquelle elle était arrivée dernière, loin de toutes les autres, dans un temps anecdotique de 32 secondes et 16 centièmes. Ce qui importait, c’était d’où elle venait. Pour participer aux Jeux olympiques, elle avait dû surmonter une montagne d’obstacles. Le pays était dominé par les fondamentalistes islamiques, qui voyaient d’un mauvais oeil une femme athlète.
Mais Saamiya avait tenu bon. En s’entraînant dur. Elle savait que le sport pouvait l’aider à s’affranchir. Elle venait de Mogadiscio, aînée de six frères et soeurs. Son père avait été tué dans la rue. (...)
La nouvelle de la mort de Saamiya a été révélée par un ancien athlète somalien, Abdi Bile, le seul à avoir remporté une médaille pour son pays, l’or, aux 1 500 mètres des Mondiaux de Rome en 1987. "Savez-vous ce qu’est devenue Saamiya Yusuf Omar ?", s’est-il écrié, la voie rompue par l’émotion, lors d’une rencontre publique avec des membres du comité olympique somalien. Personne n’a su répondre. Abdi a repris : "Elle est morte pour rejoindre l’Occident. Elle était montée à bord d’une "charrette de la mer" qui, de Libye, devait la conduire en Italie. Mais elle n’y est jamais arrivée."
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