
Un article du journal Le Monde nous confirme l’incroyable injustice que subissent certaines personnes qui perçoivent le RSA. Cet article signé Isabelle Rey-Lefebvre nous raconte des situations dramatiques d’allocataires qui ont été littéralement harcelés par les services de contrôle de leur Caisse d’Allocation Familiale qui, dans certains départements utilisent des moyens très coercitifs. Elle nous raconte la situation d’une femme Rhita Hardy, 58 ans, qui avait écrit au Conseil départemental du Puy-de-Dôme et à la CAF, le 14 décembre 2019. Elle expliquait combien les contrôles incessants à son encontre étaient « un calvaire administratif sans précédent (…)
, et, à 58 ans, c’est épuisant, déprimant et [cela] pouss[e] au suicide ! » écrivait-elle.
9 jours après avoir écrit cette lettre cette femme s’est suicidée.
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Cette situation extrême, révoltante, lève le voile sur ce que subissent aujourd’hui de nombreux allocataires du RSA même s’ils ne vont pas jusqu’à une telle extrémité.
Un acharnement et des contrôles qui vont au-delà du raisonnable.
C’est ce que dénonce cet article du Monde. C’est comme si la main droite de la CAF, celle qui contrôle, suspend et supprime le RSA oubliait ce que fait sa main gauche avec des services sociaux de la même institution qui tentent sans cesse de soutenir des allocataires qui sont en difficulté financière à cause de leur budget très restreint.
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On ne parle jamais de ces milliers de familles qui parviennent à survivre avec des ressources qui se situe en dessous la moitié du seuil de pauvreté. Elles gèrent au centime près et développent des trésors d’imagination pour dépenser moins et trouver des solutions pour pouvoir boucler leur budget chaque mois sans s’endetter.
28 millions de vérifications automatiques pour 2 millions d’allocataires
S’agit-il d’un acharnement ? La question peut se poser quand on examine le système actuel de contrôle mis en œuvre dans de nombreuses Caisses d’Allocations Familiales. Savez-vous que les allocataires du RSA font partie de la population la plus contrôlée qui soit. Ces contrôles sont quasiment engagés dans une logique de rendement industriel avec 28 millions de vérifications automatiques alors qu’il y avait cette année là en 2019 un peu moins de 2 millions d’allocataires.
Mais cela ne suffit pas. Il a fallu aussi 234.000 contrôles sur pièces, 170.000 autres avec visites au domicile des allocataires. Il y a près de 2500 agents de contrôle qui interviennent autant et peut être un peu plus que le nombre d’inspecteurs du travail (Ils étaient 2251 en 2016). Pourquoi une telle disproportion ?
Un collectif d’avocats a déjà dénoncé des pratiques abusives de recouvrement d’indus au point qu’il avait rédigé une lettre ouverte en direction au ministre des Solidarités et au Défenseur des Droits.
Plus grave encore à mon sens, et c’est une nouvelle fois le journal Le Monde qui le révèle, les contrôleurs perçoivent des primes au résultat.
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Faut-il préciser aussi que la CAF a aussi accès à de multiples fichiers, aux comptes bancaires ou aux données des caisses de retraite. Cela permet d’aller vérifier ce que les allocataires dépensent et gare à eux si l’un de leurs enfants a eu un job d’été qui n’a pas été déclaré. De telles pratiques ne peuvent que contribuer à augmenter le non recours. Le journal Le Monde raconte précisément ces humiliations d’avoir à se justifier à 20 euros près alors que le contrôleur examine votre relevé bancaire. (...)
Malheur aux pauvres !
De tout temps les pauvres ont été suspectés de profiter des aides sociales. Pire même, elles s’installeraient dans le RSA et ne chercheraient pas à s’en sortir. Et la population le croit ! Donc pourquoi se priver.
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Vous aviez peut-être été choqué de ce qui se passe en Angleterre après avoir vu le film de Ken Loach Moi, Daniel Blake qui évoque le parcours d’un menuisier au chômage en proie aux affres kafkaïennes de l’administration ainsi qu’à la cruauté du système d’attribution des aides sociales au Royaume-Uni. Sachez désormais que cette réalité existe aussi actuellement en France une fois que la prestation est versée. Cette suspicion institutionnalisée a pris des aspects détestables et je me prends à avoir honte du sort que certains allocataires du RSA subissent et des situations Kafkaïennes dans lesquelles ils doivent parfois se débattre. C’est triste tout simplement mais c’est aussi révoltant.
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