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Le monde.fr
Des journalistes attaquent la loi renseignement devant la CEDH
Article mis en ligne le 3 octobre 2015

La Cour européenne des droits de l’homme a été saisie, samedi 3 octobre, d’un premier recours contre la loi renseignement par des journalistes de l’Association confraternelle de la presse judiciaire (APJ). Les 180 journalistes, qui représentent la plupart des médias écrits, numériques ou audiovisuels, s’alarment des nouvelles menaces portées à la liberté d’informer – et protestent contre la surveillance de masse qu’autorise le texte pour les simples citoyens.

« La question posée dépasse le simple enjeu des journalistes, indique Me Patrice Spinosi, qui a déposé la requête, toute personne est susceptible d’être écoutée et à travers la presse, il s’agit d’une critique de la possibilité d’écouter administrativement sans réel contrôle l’ensemble de la population. »

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En dépit en effet des inquiétudes de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), des associations de défense des libertés numériques et des mises en garde des institutions européennes, la loi renseignement du 24 juillet a été adoptée par 80 % des parlementaires, et validée le 23 juillet par le Conseil constitutionnel, en dehors d’une réserve sur la surveillance internationale. Elle est entrée en vigueur samedi 3 octobre, après la parution au Journal officiel du décret du président de la République qui nomme les membres de la Commission nationale de contrôle des techniques du renseignement (CNTR). Il ne reste plus guère que la Cour européenne pour examiner la conformité de la loi aux exigences démocratiques d’un Etat de droit.

« Chiens de garde de la démocratie »

La Cour européenne – à la différence de la France, qui n’a toujours pas voté la loi sur le secret des sources – est particulièrement vigilante sur le droit d’informer. Elle a rappelé en 1992 « le rôle éminent de la presse dans un Etat de droit », l’impératif de protection des sources, « pierre angulaire de la liberté de la presse », dont l’absence « pourrait dissuader les sources journalistiques d’aider la presse à informer le public sur des questions d’intérêt général » (1996). La protection des sources n’est pas « un simple privilège » mais bien « un véritable attribut du droit à l’information » (2003) : les journalistes ont ainsi pour mission d’être « les chiens de garde de la démocratie » (2007). (...)

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