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Des « points retraites pénibilité » individualisés pour… 100 000 salariés sur 24 millions ?
Article mis en ligne le 4 septembre 2013

Les partisans patronaux de « la retraite à la carte » font feu de tout bois pour remettre en cause les choses simples, claires, lisibles et chiffrées. Ils détestent le droit à la retraite à 60 ans, parce que tous les salariés s’y reconnaissent et peuvent se mobiliser ensemble pour le défendre. 60 ans, à taux plein c’est un droit commun, solidaire. Alors pour mieux le combattre, ils inventent des systèmes « notionnels », « par points », individualisés. Ca vise à saper l’ordre public social solidaire.

Sentant qu’ils ne peuvent pas d’un seul coup casser le système par répartition actuel, ils avancent masqués, et proposent des « points » de retraite pour la pénibilité du travail… ce que le gouvernement Ayrault semble vouloir proposer au Parlement de reprendre. C’est même un des points de la réforme Ayrault qui est présenté comme une « avancée sociale ». Bien sur qu’il y a des degrés de pénibilité physique et mentale différents et plus ou moins sévères entre tous les métiers. C’est d’ailleurs pour cela qu’il y a ce qu’on appelle des « régimes spéciaux » : ils ont été négociés par branches, et adaptés à des catégories professionnelles particulières. Il y en a encore 35, ils sont légitimes, car un danseur du ballet de l’Opéra a du mal à faire des pointes après 45 ans et un gendarme a du mal a courir après les voleurs passé 55 ans, les militaires ont du mal à faire leur métier, un ouvrier du bâtiment devrait avoir la retraite a 55 ans, et les chauffeurs ou les « roulants » de la SNCF ont des plannings horaires éprouvants, une infirmière aussi…

Mais le paradoxe c’est que nos partisans des « points de pénibilité »… comme par hasard, sont opposés aux régimes spéciaux négociés par branches. Ils veulent nous entrainer vers un système in-di-vi-duali-sé. (...)

Comment on va « trier » ça ? Car il va bel et bien s’agir de tri. On va accorder des « bons à métiers pénibles » (comme il y a des « bons à polluer ?). Le gouvernement l’a promis aux employeurs : » – Ce ne sera pas eux qui paieront » … ( à la différence des accidents du travail). Donc, c’est d’une gravité exceptionnelle, les employeurs n’auront aucune raison de limiter la pénibilité… Pire, ils pourront arguer auprès du salarié : » – D’accord c’est dur, mais tu vas avoir des points retraites ». Ils ne s’en priveront pas.

Ce ne sera d’ailleurs pas vraiment des « points retraites », mais des « points » pour « temps partiel » ( en fin de vie professionnelle -sic ) ou des « points formation » (pourquoi proposez à l’éboueur de se former à 55 ans et ne pas le mettre en retraite ?)

Ensuite Sarkozy avait, pour qui se rappelle, avait déjà proposé ça. En juin 2010, sa contre-réforme prévoyait un retraite maintenue à 60 ans pour… 20 % d’invalidité. Comment se mesurait l’invalidité ? A l’époque, l’Elysée avait avancé le chiffre de 10 000 salariés concernés. Les manifestations de septembre 2010 avaient « convaincu » Sarkozy d’abaisser le seuil d’invalidité à 10% d’invalidité et l’Elysée avait alors évoqué officiellement le chiffres de 30 000 salariés concernés.

Evidemment tout cela est resté vain : l’invalidité devait être examinée par des commissions tripartites ou siégeaient des syndicalistes, des médecins du travail, mais présidées par l’employeur. On imagine très mal ces séances de « tri à bestiaux » . Des syndicalistes obligés de « juger » cela ? Des médecins du travail déjà fragilisés, en manque d’effectifs, et d’indépendance ? Les défenseurs Ayrault a avancé le chiffre officiel de 100 000 salariés concernés (sur 24 millions de salariés, cela fait 0,4 %), une aumône.

La question c’est que TOUS les métiers sont pénibles. La pénibilité n’est pas seulement physique, elle est aussi mentale. Le travail devient plus dur pour tout le monde au milieu des cinquante ans. Stress, risques psychos sociaux, management brutal, burn out, suicides au travail, ce ne sont plus les « coups de grisou » qui tuent, mais les « AVC ». Il existe 150 000 accidents cardiaques par an et 100 000 accidents vasculaires. (...)