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le soir.be
Des témoignages accablants : le Nord Kivu vit dans la terreur
Article mis en ligne le 13 septembre 2012

Protégée par les forces de la Mission des Nations unies au Congo, Goma sait déjà qu’elle ne tombera pas aux mains des rebelles du M23 qui, plus au nord, occupent Rutshuru et ses environs. Cependant, la capitale du Nord Kivu vit dans l’angoisse et des ONG locales dénoncent des mutins qui « sèment la terreur, la faim et la mort ». Les déplacés de guerre affluent dans la ville et, dans le centre don Bosco, plus de 30% des femmes enceintes, faibles et mal nourries, meurent durant l’accouchement. Dans un autre centre, INUKA, soutenu en Belgique par EALE (1), les éducatrices, en trois jours seulement, ont accueilli plus de 90 enfants abandonnés. Leurs cas sont plus atroces les uns que les autres

(...) Alors que les habitants de Goma constatent que les prix des produits de base ont explosé, les rebelles exigeant des péages exorbitants, ils s’estiment cependant privilégiés par rapport à leurs compatriotes qui vivent plus au Nord : selon Human Rights Watch, « les rebelles du M23 sont en train de commettre une horrible série de nouvelles atrocités ». Selon les entretiens menés par HRW avec 190 personnes, le mouvement M23 (composé de soldats mutins qui avaient refusé d’être déplacés dans d’autres provinces du Congo) a procédé à des recrutements forcés : dans le territoire de Rutshuru, depuis juillet, 137 jeunes hommes et garçons ont été enlevés à leur domicile, au marché ou alors qu’ils se rendaient aux champs et 33 jeunes, qui essayaient de s’enfuir ont été ligotés et abattus sur place. Quinze civils, soupçonnés d’être hostiles aux rebelles, ont été tués de sang froid tandis que 46 femmes ont été violées, dont une fillette de huit ans.

Les soldats mutins ont longtemps assuré que leur priorité était de combattre les combattants hutus des FDLR, connus pour perpétrer les pires atrocités. Eux mêmes ne sont pas en reste (...)

Les exodes de population montrent d’où vient la pire terreur : c’est vers les zones gouvernementales que les civils fuient en masse et parmi eux des autorités locales, des chefs coutumiers, des défenseurs des droits humains et des journalistes, tous craignant pour leur vie après avoir témoigné des atrocités dont ils avaient été témoins.

Les chefs du M23 assurent cependant qu’ils se contentent de recruter des soldats dans leur propre communauté rwandophone et selon certains témoignages, -que nous avons personnellement recueillis à Goma- des appels téléphoniques venus du Rwanda pressent les Tutsis du Congo de soutenir le M23, au nom d’intérêts communautaristes.

Human Rights Watch confirme par ailleurs, avec force détails, que l’armée rwandaise aurait fourni aux rebelles des armes, des munitions, et que plus de 600 recrues, sinon beaucoup plus, auraient été envoyées au Congo. En outre, l’armée rwandaise elle-même est intervenue à plusieurs reprises (...)

Selon des déserteurs du M23 qui ont pu se confier à HRW, ce sont des officiers de l’armée rwandaise qui ont dirigé les entraînements des nouvelles recrues, parmi lesquelles beaucoup d’enfants de 13 ou 14 ans. Certaines de ces recrues provenaient du Nord Kivu, mais la plupart d’entre eux était originaire du Rwanda : militaires démobilisés de l’armée rwandaise, anciens partisans de Laurent Nkunda, ex- combattants hutus des FDLR renvoyés au Congo pour l’occasion, et aussi jeunes réfugiés tutsis congolais se trouvant dans des camps à Kibuye, Buymba et aussi Nkamira. (...)