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Dette et austérité, le modèle allemand du plein emploi précaire
Article mis en ligne le 9 septembre 2014
dernière modification le 2 septembre 2014

(...) Moins de vingt ans après la « victoire définitive sur le communisme » et quinze ans depuis « la fin de l’histoire », le capitalisme est dans l’impasse. Depuis 2007 il vit sous perfusions de sommes astronomiques d’argent public. Malgré cela, il tourne à vide. Au mieux, il se reproduit en achevant avec rage ce qui subsiste des conquêtes sociales des deux derniers siècles.

epuis la « crises des dettes souveraines », il exhibe le spectacle pour partie hilarant de son fonctionnement. Les normes de « rationalité » économiques que les « marchés », les agences de notations et les experts imposent aux Etats pour sortir de la crise de la dette publique sont celles-là mêmes qui ont causé la crise de la dette privée (à l’origine de celle de la dette publique). Les banques, les fonds de pensions et les investisseurs institutionnels exigent des Etats la mise en ordre des bilans publics, alors qu’elles détiennent encore des milliards de titres pourris, fruits de leur politique de remplacement des salaires et des revenus par des crédits [3]. Après avoir noté AAA des titres qui aujourd’hui ne valent rien, les agences de notation prétendent, contre toute évidence, détenir la bonne évaluation et la juste mesure économique [4].

Les experts (professeurs d’économie, consultants, banquiers, commis d’Etat, etc.) - dont l’aveuglement sur les ravages que l’autorégulation des marché et la concurrence produisent sur la société et la planète est directement proportionnel à leur servitude intellectuelle - ont été catapultés dans des gouvernement « techniques » qui rappellent irrésistiblement les « comités d’affaire de la bourgeoisie ». Il s’agit moins de « gouvernements techniques » que de nouvelles « techniques de gouvernement » [5], autoritaires et répressives, en rupture avec le « libéralisme » classique.

La palme du ridicule revient sans doute aux médias. (...)

lus qu’à une sortie de crise, toute cette agitation ressemble à un cercle vicieux dans lequel le capitalisme semble bien empêtré. La vision de nos élites ne dépassant jamais leur porte monnaie, il faut s’attendre au pire. La férocité avec laquelle les gouvernements techniques et les autres poursuivent le remboursement de la dette et la défense de la propriété privée ne recule devant rien. Selon le New-York Times, les représentant de banques et de fonds créditeurs de la dette grecque ont été tenté de porter plainte auprès de la Cours européenne des droits de l’homme ; l’Etat grec violerait les droits fondamentaux car « property rights are human rights ». Même la récession et la dépression (Grèce) ,sont des maux mineurs face à l’éventualité de ne pas tenir la promesse de s’acquitter de la dette. Dans une interview récente, le président de la BCE propose, avec le cynisme thatchérien d’usage, des recettes qui non seulement ont causé la crise, mais qui ne peuvent que l’aggraver : baisser les impôts pour enrichir les riches et réduire les dépenses sociales pour appauvrir les pauvres.

Les hommes politiques ne sont plus que des comptables et des « fondés de pouvoir » du capital. (...)

Le modèle allemand

Depuis 10 ans, l’Allemagne poursuit des politiques de flexibilisation et de précarisation du marché de l’emploi et de coupes sombres dans le Welfare State. Au parlement européen Daniel Cohn-Bendit a interpellé Angela Merkel : « Comment est-il possible qu’un pays riche comme l’Allemagne ait 20% de pauvres » [9]. L’ex–soixante-huitard est-il naïf ou amnésique ? Plutôt hypocrite et cynique puisque c’est le gouvernement « rouge–vert » de Schröder qui, entre 2000 et 2005, a introduit l’essentiel des lois à l’origine de la situation actuelle : celle d’un « plein emploi précaire » qui a opéré la transformation des chômeurs et des « inactifs » en une masse impressionnante de « travailleurs pauvres ». (...)

.L’ ’austérité, les sacrifices, la fabrication de la figure subjective du débiteur, ne constituent pas un mauvais moment à passer en vue d’une « nouvelle croissance » mais bien des techniques de pouvoir. Un autoritarisme qui n’a plus rien de « libéral » peut seul garantir la reproduction de rapports de pouvoir. Le gouvernement du plein emploi précaire et la rançon du payement de la dette nécessitent l’intégration de pans entiers du programme de l’extrême droite dans le système politique démocratique.

La résistance passive qui n’a pas intégré le programme néo–libéral s’est, depuis 2007, diversement engagée et représente le seul espoir d’échapper aux techniques de pouvoir des gouvernements par la dette. Face à la foire aux horreurs des plans d’austérité imposée à la Grèce, chacun devrait bien admettre que, d’une façon ou d’une autre, « de te fabula narratur » ! (c’est bien de toi dont on parle).