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Alternatives Économiques
Deuxième ligne : les salaires font du surplace et la colère monte
Article mis en ligne le 30 octobre 2021
dernière modification le 29 octobre 2021

Un an après le lancement de la mission sur la revalorisation des métiers dits de la « deuxième ligne », l’absence de résultats alimente la grogne. Le 19 octobre, la CGT appelait les salariés de la sécurité à une grève nationale.

Les « travailleurs de la deuxième ligne » doivent-ils se contenter de la hausse du Smic, pour toute revalorisation de leur métier ? Face au scénario du pire qui se profile, la colère monte parmi les quinze branches professionnelles identifiées par le gouvernement. Ces secteurs ont été appelés à négocier pour améliorer le sort de ces 4,6 millions de Françaises et de Français grâce auxquels le pays a tenu « tout entier » pendant le premier confinement, selon les mots d’Emmanuel Macron, lors de ses remerciements publics en avril 2020. « Il nous faudra nous (le) rappeler », avait insisté le chef de l’Etat.

Pourtant, un an après...

Les « travailleurs de la deuxième ligne » doivent-ils se contenter de la hausse du Smic, pour toute revalorisation de leur métier ? Face au scénario du pire qui se profile, la colère monte parmi les quinze branches professionnelles identifiées par le gouvernement. (...)

un an après que le gouvernement a engagé la concrétisation de sa promesse, rien n’a changé pour tous ceux, caissières, salariés de l’agroalimentaire, agents d’entretien, etc. qui ont continué à travailler au péril de leur santé, alors que la population se cloîtrait. (...)

Rien, hormis une concertation sur leurs conditions d’emploi et de travail censée préparer des négociations sur la base d’un état des lieux. Un diagnostic sans appel. Dévoilés mi-mars, les travaux de Christine Erhel, économiste du travail, et de Sophie Moreau-Follenfant, DRH de RTE, montrent qu’à une écrasante majorité les travailleurs « essentiels » sont payés 30 % de moins que la moyenne des Français, peu formés ou promus, précarisés par les contrats courts et le temps partiel subi, plus souvent victimes d’accident du travail. Pourtant, rien de nouveau, hors l’augmentation de 2,2 % du Smic le 1er octobre, sous l’effet de la formule de revalorisation automatique pour compenser l’inflation.

Première grève dans la prévention-sécurité

La pilule ne passe pas dans les métiers de la sécurité, qui comptent 241 000 salariés. (...)

dans ce contexte de rattrapage, la proposition patronale est jugée « indécente » par la CGT, qui réclame un vrai coup de pouce. « Cet alignement sur le Smic ne change rien à la situation immédiate des salariés. Ils en ont assez d’être sous-payés, alors qu’on leur demande toujours plus, comme le contrôle des pass sanitaires. Où est la reconnaissance financière de l’investissement quotidien ? », dénonce Elhadji Niang, secrétaire fédéral à la CGT, première organisation dans ce secteur. Elle appelait à une grève nationale le 19 octobre, revendiquant 10 % de hausse des salaires.

Face à ce qui ressemble à une assignation perpétuelle à rester au Smic, la CFDT aussi a refusé de signer2. « A la prochaine revalorisation du Smic [en janvier, selon le calendrier légal, NDLR], on reviendra à la même situation. Etre payé au Smic, avec un coefficient 130, quand on assure la sécurité d’un site Seveso, ce n’est plus possible ! Le patronat doit revenir avec une proposition bien au-delà de l’inflation », renchérit Michel Esconobiet, négociateur CFDT, qui rappelle la multiplication des démissions. « Les salariés préfèrent changer de profession ou rejoindre l’intérim. »

La hausse du Smic, révélateur de l’inertie des employeurs

La prévention-sécurité n’est pas la seule profession où la récente hausse du Smic agit comme un détonateur sur un champ de mines. Dans la plupart des quinze branches, les grilles démarraient déjà sous le salaire minimum légal, sachant que l’employeur a l’obligation de combler l’écart, sous peine d’amende. Résultat, la revalorisation du Smic au 1er octobre, en générant un nouvel écrasement des premiers niveaux de salaire, met en lumière l’inertie patronale à agir depuis un an sur le bas de la grille, mais également au-delà. Car il n’y a plus de différence entre les premiers échelons d’une convention collective. Tout le monde est payé au Smic, peu importe son niveau de qualification. (...)

l’impasse interroge la stratégie adoptée par le gouvernement, lorsqu’il a renvoyé aux branches le dossier de la revalorisation des métiers, en posant tous les paramètres sur la table : rémunération, conditions d’emploi et de travail, horaires, formation. Sans imposer quoi que ce soit, pas même un accompagnement spécifique des branches. Alors que le dissensus a été immédiat entre partenaires sociaux.

Prérequis pour quasi tous les syndicats ? La reconnaissance financière de ces métiers qui ne l’ont jamais été, par un coup de pouce. Une ligne rouge, côté employeurs. (...)

Les employeurs, il faut dire, ont mis le holà à toute intervention de l’Etat envers les branches dès fin 2020. (...)

Entre-temps, le gouvernement avait, certes, dégainé sa « prime Macron » millésime 2021 pour les salariés gagnant moins de trois fois le Smic, défiscalisable jusqu’à 2 000 euros pour les employeurs des salariés exposés. Mais elle n’est que désillusion pour les travailleurs « essentiels ». Elle n’est pas calibrée pour les salariés multi-employeurs, comme les aides à domicile. Elle est forcément réduite pour les salariés à temps partiel : 51 % des agents d’entretien, 40 % des caissières et employés de libre-service… De toute manière, il n’y a pas eu de ruée. « Dans le commerce alimentaire (grande distribution, NDLR), avant même que les modalités de la prime ne soient fixées par décret, les employeurs avaient prévenu qu’ils ne pourraient pas la verser », rappelle Véronique Revillod, secrétaire générale adjointe à la CFDT-Services. (...)