
Quatre-vingts pour cent des glaciers de l’Himalaya auront disparu à la fin du siècle, tandis que les glaces de l’Arctique auront totalement fondu en été dès 2030. En France, deux tiers des nappes phréatiques sont à un niveau inférieur à la normale et on apprend que l’été 2022 a fait 11 000 morts. A horizon 2050, on s’en souviendra comme d’un été doux et frais. Voilà les informations de la semaine.
(...)
C’est pourtant à d’autres priorités que l’Etat français a décidé de se consacrer mardi 20 juin au matin puisque la sous-direction antiterroriste a procédé à l’arrestation de dix-huit personnes à Notre-Dame-des-Landes, à Marseille et ailleurs. Cette opération de police, la seconde en quinze jours, serait liée au désarmement d’une usine Lafarge par des militants écologistes en décembre, aux manifestations de Sainte-Soline, ainsi qu’à la dissolution décrétée mercredi 21 juin des Soulèvements de la Terre.
(...)On n’a pas souvenir que les dirigeants de Lafarge, pourtant poursuivis en France et aux Etats-Unis pour avoir financé Daech afin de continuer leur activité en Syrie, aient subi de telles méthodes. Hélas, que ceux qui n’ont pas hésité à se convertir en trésoriers de Daech par appât du gain et pour continuer à artificialiser la terre soient mieux traités que des militants écologistes en France n’étonne plus.
(...)D’abord échaudé par la centaine de milliers de soutiens qui n’ont pas hésité à se solidariser au mouvement ainsi que de très nombreux collectifs, associations et organisations, le gouvernement ne cesse d’entretenir depuis un discours délirant autour de la prétendue violence des écologistes et de « l’ultra-gauche ». Cette stratégie de la tension se mène de bloc avec la droite et l’extrême droite, à l’heure où ce sont pourtant les projets terroristes fascistes qui se multiplient et où le gouvernement est rappelé à l’ordre par l’ONU pour sa répression violente et autoritaire des mouvements sociaux. Elle se mène surtout de pair avec une politique écologique à mille lieues des enjeux actuels (...)
Politique écocide
Derrière la dissolution annoncée des Soulèvements de la Terre est visée la lame de fond des forces diverses et composites qui s’opposent aujourd’hui à l’accaparement de l’eau, à l’artificialisation des sols et aux ravages de l’agro-industrie.
Derrière l’usage de l’antiterrorisme pour enquêter sur des actions écologistes qui ne menacent pas la vie humaine se cache une attaque bien plus large contre toutes celles et ceux qui entendent ne pas rester passifs face au règne de la catastrophe. Car désarmer les infrastructures qui accélèrent le changement climatique et détruisent le monde vivant relève désormais de l’autodéfense, d’un geste vital si l’on prend au sérieux la question de notre existence collective future.
(...)