
Le Défenseur des droits dénonce à nouveau la situation des 3.000 mineurs étrangers isolés qui vivent à Mayotte, et s’étonne qu’aucun projet en leur faveur ne soit présenté pour bénéficier d’un financement européen, possibilité qui expirera fin novembre.
(...) En août, la Chambre régionale des comptes de Mayotte a critiqué le budget du conseil général, remarquant que "les dépenses d’action sociale et médico-sociale, y compris l’aide sociale à l’enfance, ne représentent qu’environ 11% des dépenses réelles de fonctionnement du département. Si de nouvelles recettes sont encaissées sur l’exercice, elles devront être affectées en priorité à ce domaine d’intervention qui constitue une compétence obligatoire du département", ont sermonné les juges financiers.
Allant plus loin, Dominique Baudis souhaite que la compétence de l’aide sociale à l’enfance soit reprise en main par l’Etat, "au moins provisoirement". Dans son rapport d’avril, il avait dénoncé la situation "inacceptable" des mineurs étrangers isolés, évoquant une "bombe à retardement" : "Ces jeunes, souvent abandonnés physiquement, dans le plus grand dénuement, en marge de la société deviendront bientôt des adultes dont la révolte pourrait avoir des conséquences dans toute la société mahoraise". (...)
"Il n’y a aucune structure pour accueillir ces enfants livrés à eux-mêmes qui, pour certains, réussissent bon an mal an à être recueillis par un voisin ou une âme charitable du quartier", dépeint Michel Rhin, porte-parole du Réseau éducation sans frontières (RESF) à Mayotte . "Pour les autres, ils vivent en bande, mendiant sur les parkings des supermarchés et se retrouvent le soir, plus ou moins sous la garde d’un +grand+, jeune majeur également livré à lui-même, pour dormir dans des abris de fortune". Ce militant plaide pour la création d’un centre d’accueil et le développement des familles d’accueil. (...)
Parmi les dossiers présentés par le conseil général pour bénéficier de l’enveloppe européenne, Daniel Zaïdani reconnaît que "le projet consistant à créer des foyers pour mineurs n’a pas été priorisé". "Si le conseil général considère que ce n’est pas sa priorité, d’autres acteurs, notamment associatifs, peuvent présenter des projets", suggère Dominique Baudis. "Si d’ici le 30 novembre 2013 il n’y a toujours pas de dossiers, ça signifie que la France et l’Europe n’ont rien fait pour les enfants de Mayotte".