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Don de corps à la science : un charnier au coeur de Paris
Article mis en ligne le 29 septembre 2020

Jusqu’en 2018, le Centre du don des corps de l’université Paris-Descartes a accueilli des milliers de dépouilles dans des conditions indignes. Enquête exclusive.

Nus. Démembrés. Les yeux ouverts. Amoncelés sur un brancard. Des cadavres par dizaines, au milieu d’un fatras indescriptible. Ici, un bras pend, décomposé. Là, un autre est abîmé, noirci, troué après avoir été grignoté par les souris. Le membre supérieur de l’un est posé sur le ventre de l’autre. Des sacs-poubelles débordent de morceaux de chair. Au premier plan, une tête gît sur le sol. Ces photos insoutenables révèlent un charnier. En plein Paris.

Elles datent pourtant de fin 2016 et ont été prises rue des Saints-Pères, au 5e étage des locaux de la faculté René-Descartes, le temple de la médecine en France. Par respect pour les défunts et pour leurs familles, L’Express a décidé de ne pas les publier. (...)

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« Tout cela est terriblement choquant » confie Yasmine, au pied du bâtiment de la faculté de médecine Paris-Descartes, rue des Saint-Pères (VI e ). L’étudiante de 20 ans résume le sentiment général après les révélations du magazine L’Express sur de graves dysfonctionnements qui auraient eu cours pendant des années au Centre du don des corps (CDC), le plus grand centre d’anatomie européen, situé au cinquième étage de la très respectée faculté du quartier Saint-Germain-des-Prés.
Jusqu’en 2018, le lieu aurait conservé dans des conditions indignes des milliers de dépouilles léguées à la science. Décrivant un « charnier au cœur de Paris » et « un scandale soigneusement caché » par l’université et les pouvoirs public, L’Express, qui a pu visionner des photos datant de 2016, évoque des cadavres nus, démembrés pourrissant faute de chambres froides climatisées, des corps empilés les uns sur les autres, parfois rongés par les souris, des sacs-poubelles débordant de morceaux de chair…

Des corps auraient été revendus

La situation aurait perduré des années, faute de moyens pour rénover les locaux, restés inchangés depuis la création du CDC en 1953.
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dans un communiqué, l’université Paris-Descartes a tenu à « présenter ses excuses aux familles (des donneurs) sur cette situation » et annoncé avoir mis en place une ligne téléphonique dédiée à leur intention (...) La fac a aussi annoncé que le ministère de l’Enseignement supérieur avait ordonné « la fermeture administrative provisoire du centre » afin d’y mener une inspection pour établir « la réalité des faits ».
Reconnaissant des installations « vétustes » après des décennies d’activité, l’université assure enfin que les travaux, qui s’achèveront en 2024, « ont déjà permis de rénover le centre afin d’accueillir et de conserver les corps dans les conditions de dignité et d’intégrité de la personne ».

« C’est tout simplement horrible »

Ce mercredi midi, l’émotion était très forte parmi les étudiants croisés devant la faculté, rue des Saint-Pères. « C’est tout simplement horrible, lâche Pierre*, 21 ans, étudiant en maths. Je passe devant ces locaux tous les jours pour aller en cours et je ne m’attendais absolument pas ça. Il y a tellement peu de moyens pour l’université qu’on en vient à maltraiter les corps humains. »
(...)

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Des mails, des rapports, des photos que la cellule investigation de Radio France publie attestent de la multiplication des alertes sur les situation critique du centre du don des corps de l’université Paris-Descartes.

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À partir de 2011, la plupart des responsables de l’université parisienne ont été alertés de graves dysfonctionnements au sein du Centre du don des corps. Parmi eux, l’actuel conseiller de la ministre de l’enseignement supérieur.
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