
Samedi 11 mars, une partie de la montagne de déchets d’une décharge de la capitale éthiopienne s’est effondrée, tuant plus de 70 personnes et en blessant des dizaines d’autres. Des travaux de terrassement étaient en cours dans le cadre d’une réhabilitation du site à laquelle les chiffonniers habitant les lieux et travaillant sur place n’ont pas été associés.
Les victimes sont des chiffonniers qui vivaient et travaillaient dans cette décharge, cherchant chaque jour des matériaux de valeur.
Les premiers témoignages recueillis par l’AFP expliquent que des travaux de terrassement étaient en cours au moment de l’effondrement des plusieurs tonnes de déchets. Cette décharge, mise en service en 1964, a depuis été abandonnée, mais continue de fonctionner de manière informelle. Les tonnes et les tonnes de déchets accumulées ont formé une montagne de 15 mètres de haut. Depuis 2007, l’Agence française de développement (AFD), une structure sous tutelle du ministère des Affaires étrangères français, est impliquée dans un chantier de réhabilitation et de fermeture du site.
Selon les ONG Zero Waste et Gaia, l’AFD aurait consacré plus de 5 millions d’euros d’études à ce site, puis une enveloppe de 20 millions d’euros sous forme d’un prêt accordé à la municipalité pour lancer les travaux. Toujours selon ces ONG, Vinci construction aurait remporté l’appel d’offres pour la mise en œuvre des travaux.
« Il s’agit de leur habitat et de leur économie, ils n’ont nulle part où aller »
Zero Waste et Gaia s’étonnent que des travaux d’une ampleur telle qu’ils pouvaient déstabiliser l’édifice de déchets aient commencé alors que des personnes étaient présentes sur place. En effet, la presse relate que 150 personnes y vivaient en permanence. Flore Berlingen, directrice de Zero Waste France, n’accuse personne : « Il n’est pas question de refaire l’histoire, de dire “si on avait fait ceci ou cela, ça ne se serait pas passé”, néanmoins, l’AFD finance ce projet de réhabilitation de la décharge. Dans l’enveloppe octroyée, quelle somme est dédiée à l’accompagnement de la population locale ? » Sous-entendu à peine voilé : si un travail de terrain en collaboration avec la population avait eu lieu, peut-être que les habitants de la décharge auraient été accompagnés pour la quitter lors des travaux. Au moment où nous publions ces lignes, nous ne sommes pas parvenus à joindre l’AFD pour échanger à ce propos. (...)
Flore Berlingen pointe le manque d’informations sur ces financements et cite le récent projet de loi quant au devoir de vigilance des entreprises, conséquence de l’effondrement du Rana Plaza, au Bangladesh en 2013
: « Il faut bien comprendre que l’AFD est une structure liée à l’État français, que des entreprises françaises travaillent à l’étranger. À ce titre, nous, citoyens français, sommes liés à cet effondrement de la décharge d’Addis-Abeba. Cette notion de devoir de vigilance nous concerne tous. » (...)