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Rue 89
Du Mali à Montreuil, échos d’une guerre annoncée
Article mis en ligne le 12 novembre 2012

Durant l’été 2010, Aline Jobert a voyagé au Mali, à la veille des événements qui ont fait basculer le nord du pays sous la coupe des islamistes radicaux.

Fin octobre 2012, elle est allée à Montreuil, à l’écoute d’une communauté malienne inquiète de la guerre qui s’annonce.

(...) La puissance militaire, c’est la sécurité de la population et l’image que le pays donne au reste du monde. Les promotions sans réel motif qui sont au principe de toute oligarchie, la collusion entre affaires privées, famille et pouvoir, la circulation éhontée de l’argent (l’assise d’un pouvoir corrompu et ploutocrate) et plus précisément le manque de formation des militaires de base, leur manque d’équipement, avec pour conséquence de cuisantes défaites au Nord, voilà autant de constats douloureux et de sources d’inquiétudes.

A partir de l’affrontement entre les Rouges et les Verts une certaine histoire du Mali peut être racontée. Mais si la critique de l’Etat met presque tout le monde d’accord rue Bara, les conclusions à tirer sur la situation actuelle du pays ne sont pas les mêmes. (...)

tous souhaitent souligner l’aspect international de l’occupation qu’est en train de subir le Nord. La guerre en Libye a provoqué le déplacement d’anciens loyalistes et mercenaires qui sont venus grossir les rangs d’Aqmi avec en prime quantité d’armes, de qualité inespérée (plusieurs sources, dont un article récent, évoquent un « arsenal high-tech » notamment des missiles « manquants au stock libyen »).

L’ironie du sort, c’est que certains de ces combattants sont d’anciens membres du MNLA, partis en Libye dans les années 90 pour rejoindre l’armée de Kadafhi.

L’ironie, faut-il dire, c’est tout ce qu’il reste aux Maliens : « De toute manière Kadhafi était ici chez lui. » Le Guide a construit des hôtels et plusieurs résidences au Mali, où il venait régulièrement passer ses vacances…

Il a également fait bâtir des mosquées. L’une d’entre elles est demeurée célèbre pour son emplacement : à quelques centaines de mètres de l’ambassade américaine à Bamako. On raconte que l’endroit avait été soigneusement choisi pour que, depuis leurs bureaux, les employés américains bénéficient de l’appel à la prière. (...)

Une chose ne sera pas dite ce jour-là, bien qu’elle soit présente à tous les esprits. Il y a deux raisons d’avoir peur dans cette situation :

 la première a été reprise par tous les acteurs de la communauté internationale : ne pas intervenir, c’est aggraver la situation et laisser le Mali aux mains de ses occupants. Personne n’ignore à présent la férocité de la loi qu’ils imposent. Après deux heures de discussion, nous avons fait le tour du monde accoudés au comptoir du café de la rue Bara. Nous sommes allés plus loin que l’Afrique de l’Ouest. Jusqu’en Libye par exemple. Et de temps en temps apparaissaient des paysages afghans et irakiens qu’aucun de nous n’a jamais vus ;

 mais il y a une deuxième raison d’avoir peur que personne n’a dite ce jour-là : des guerres comme celles-là ne finissent jamais. (...)