
De manière dispersée, mais avec des effets de moyen-long terme qui seront concomitants, les trois majors françaises Veolia, Suez et Saur déploient une stratégie multiforme qui vise à entraver la poursuite du retour en gestion publique des services d’eau et d’assainissement.
D’ici à 2020, communes et petits syndicats passeront la main à l’échelon territorial supérieur : l’intercommunalité, dont la montée en puissance a été confirmée par la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République).
Ce volet de la réforme territoriale, voté en 2015, bouleverse le secteur de l’eau et de l’assainissement. Au nom de la simplification, le texte met fin à la gestion historique des villes, qui ont investi, à partir du XIXe siècle, pour réaliser des réseaux et des ouvrages, avec l’aide des syndicats de communes.
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Pour Suez Environnement, il y a de quoi se réjouir : qui dit regroupement de municipalités dit moins d’interlocuteurs… « Il n’y aura plus 50 contrats à renouveler, mais un seul », se félicitait son P-DG Jean-Louis Chaussade, interrogé en marge de la COP 22 à Marackech
Traduire que le groupe mobilisera dix fois plus de moyens, avouables et surtout non avouables (le “relationnel commercial”), pour resigner un contrat desservant 50 000 “clients”, qu’il ne le faisait quand il s’agissait de 5000 usagers.
En conséquence, Suez Eau France (l’appellation qui a succédé il y a quelques mois à Lyonnaise des Eaux) a engagé une refonte de son organisation territoriale qui s’appuie sur un redécoupage de la structure en région (...)
L’art du regroupement…
L’un des premiers effets pervers des regroupements à la hussarde légitimés par la loi NOTRe se traduit par la mise en avant outrancière d’une harmonisation tarifaire sur le territoire du nouvel EPCI, par le biais d’un “lissage tarifaire” étalé sur une dizaine d’années, qui permet surtout d’occulter la question du choix du mode de gestion (public ou privé), alors que ce nouveau territoire connait des juxtapositions régies-DSP.
Exemple avec le Grand Compiègne. Alors que deux gros contrats de DSP arrivent à expiration, et pourraient être l’occasion d’engager le débat sur le mode de gestion sur l’ensemble du territoire, par un tour de passe-passe le président de l’exécutif communautaire, Philippe Marini (LR), occulte le débat en mettant en avant la négociation à la baisse, et donc le renouvellement des DSP, pour aligner leur tarif sur la “moyenne basse” des autres services du territoire…
Cette réthorique savamment orchestrée permet dès lors de faire l’impasse sur l’audit des contrats de DSP en cours, la remise des compteurs à zéro, qui devrait se matérialiser avant leur terme par l’établissement d’un protocole de fin de contrat, et in fine sur la mise en oeuvre d’une procédure honnête et transparente du choix du futur mode de gestion, qui passe dès lors à la trappe...
Ici la responsabilté de bureaux d’étude mercenaires aux ordres des entreprises privées est écrasante, avec de pseudo-audits falsifiés de A à Z, qui se concluent immanquablement par… la signature d’une nouvelle concession, et désormais, systématiquement, la promotion à outrance des SemOp pour Suez, et des sociétés dédiées pour Veolia. (...)