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Chroniques bortoises
Écoute les Orgues...
Jean-Philippe Rispal
Article mis en ligne le 10 avril 2019

Ce samedi 6 avril les gilets jaunes, la CGT, la France Insoumise et le PCF ont répondu à l’appel national contre la privatisation des barrages avec une manifestation réunissant près de 500 personnes à Bort-Les-Orgues.
Aux confins de l’Auvergne et du Limousin, le barrage de Bort-Les-Orgues fait figure de symbole, il est à la fois un des plus importants, mais aussi un des plus anciens de notre pays. Il nous rappelle également les heures les plus sombres de notre histoire puisque l’autorisation de construction de notre barrage fut signée en 1942 par le maréchal Pétain sous le régime de Vichy.
Il n’y avait pas de lieu plus opportun pour lutter contre l’ultra-libéralisme et le démantèlement de l’état que mène avec zèle Macron et son gouvernement sous l’impulsion d’une Europe qui nie un peu plus chaque jour la souveraineté des peuples.

Dans ce contexte, si particulier, je ne peux que regretter le silence et l’absence des élus locaux à cette journée de défense citoyenne. Qui ne dit mots consent paraît-il, mais « consent » à quoi ? à collaborer avec un gouvernement engagé dans une lutte de classe acharnée au profit des plus nantis ? Où est donc passée cette magnifique délibération adoptée le 30 mars 2012 par le conseil municipal ? Il y a des silences pesants. Mais la honte va plus loin ! L’opposition actuelle à la majorité municipale a fait un choix clair en appelant les bortoises et les bortois a ne pas se joindre à cette manifestation, sous prétexte de non déclaration en préfecture. Si il y avait encore des doutes sur cette droite rutabaga qui ne dit pas son nom et qui par un opportunisme rance se revendiquait, il y a quelques semaines encore, d’un « apolitisme » inspiré par les gilets jaunes… il n’y en a plus désormais, et c’est heureux.

Les organisateurs de la manifestation avaient fait le choix de se réunir à proximité d’une grande surface du groupe Carrefour, nous rappelant par la même occasion la précarité des conditions de travail des salarié(e)s de la grande distribution, et le dégoût que nous inspire Carrefour lorsqu’il procède à des milliers de licenciements et pousse dans le dos ses salarié(e)s, sans oublier de rémunérer grassement leurs actionnaires. C’est donc avec une pensée émue et des slogans anti-capitalistes que le cortége prit le départ à travers les rues de Bort-Les-Orgues.

À sa tête une banderole portait l’inscription « Ecoute les orgues, elles chantent pour toi, c’est le requiem pour Macron », en référence à l’illustre chanson de Serge Gainsbourg « Requiem pour un con »… Décidément les gilets jaunes ont l’art et la manière de souvent viser juste, avec un esprit et une imagination qui force le respect. (...)

On ne peut pas à la fois être en bourse et vouloir la vie, exploitant ou exploiteur il faut choisir. Or, si il n’est pas question de vendre nos usines hydroélectriques au privé, il n’est pas non plus admissible de donner un blanc seing à EDF. Des femmes et des hommes vivent sous ce barrage, et nous disons à EDF que, l’aumône accordée à quelques associations locales, ne suffira pas à nous corrompre. Cela fait désormais près de 70 ans que les habitants ont du composer avec la présence du barrage sans qu’on leur demande leur avis, il est temps qu’EDF nous entende, avec ou sans son consentement.

Merci encore aux gilets jaunes d’Ussel, du plateau de Millevaches, d’Ydes, de Brive-La-Gaillarde, de Tulle, de Saint-Flour, d’Aurillac, de Mauriac, de Limoges, d’Argentat, de Clermont-Ferrand… d’avoir soutenus de près ou de loin cette manifestation avec la CGT, la France Insoumise et le Parti Communiste, sans oublier l’équipe Street Médic 87 qui nous ont chaleureusement accompagné.

Forcément, en déroulant cette liste, je suis triste et déçu de ne pas avoir pu croiser une présence plus forte des premiers concernés que sont les bortoises et les bortois. C’est une dure réalité de constater que ce sont les plus oubliés, les plus à la marge, ceux qui n’ont plus le courage de protester qui font défaut à ce mouvement constituant qui s’instaure depuis plusieurs mois. (...)

Le libéralisme nous pousse vers un individualisme et une compétition des uns contre les autres. Renversons la situation par le collectif. Les libertés ne se quémandent pas, elles se prennent.