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Reporterre
Volvic accusé d’assécher les rivières pour remplir ses bouteilles
#eau #Volvic #Danone
Article mis en ligne le 17 juillet 2025
dernière modification le 15 juillet 2025

Notre Tour de France des luttes fait étape dans le Puy-de-Dôme, où des associations accusent Volvic d’assécher les milieux naturels pour remplir ses bouteilles. Elles attaquent l’arrêté préfectoral encadrant les prélèvements. (...)

« S’il y avait des poissons, leur nageoire dorsale sortirait de l’eau. » Christian Amblard ne pouvait pas trouver plus éloquent pour caractériser l’état critique du ruisseau qui, comme de nombreux autres, dépérit à deux pas de chez lui. Le niveau s’est tellement affaibli ces vingt dernières années que la biodiversité a progressivement déserté le milieu, faute de pouvoir y survivre. Pour ce directeur honoraire de recherches au CNRS, spécialisé dans l’hydrobiologie, la cause du manque d’eau semble ne faire aucun doute : à 4 km de là, l’usine de la Société des eaux de Volvic tourne à plein régime.

Propriété du groupe Danone depuis 1992, le site produit 4 millions de bouteilles d’eau par jour. Plus de 300 camions transitent quotidiennement, suscitant l’inquiétude de plusieurs associations locales vis-à-vis de l’intensité de la production. Fin juin, trois d’entre elles ont décidé d’attaquer devant le tribunal administratif l’arrêté préfectoral du 28 avril 2025 encadrant les prélèvements de l’entreprise.

« Effet cosmétique »

« Ce recours est une première pour nous, signe que la situation est urgente et que nous n’arrivons plus à nous faire entendre autrement », souligne Christian Amblard, aussi vice-président de l’association Préservation Environnement Volcans d’Auvergne (Preva), fortement mobilisée sur ce sujet, sensible dans la région. (...)

Si les services de l’État et Danone disent veiller à la préservation de la ressource, tout en assurant le maintien de cette activité économique qui emploie plus de 800 personnes, les efforts paraissent insuffisants pour les défenseurs de l’environnement. (...)

Les trois collectifs exigent des restrictions plus strictes et vont même jusqu’à dénoncer une forme de « laissez-passer » accordé à Danone, aux dépens des milieux naturels. Aucune étude d’impact préalable n’a été réalisée avant la publication de l’arrêté d’avril, qui a notamment autorisé le doublement de la capacité d’un forage et la création de deux cuves de stockage. Elle a été demandée « antérieurement » et est en cours, nous confirme la préfecture. (...)

Repenser un modèle calibré pour la grande distribution

« Environ 54 % sont utilisés pour l’eau potable, 26 % pour l’embouteillage et 20 % pour les milieux naturels. C’est aussi sur ce point que porte notre recours. La situation s’est dégradée, puisqu’en 2013, la répartition était de 42 % pour les milieux naturels, 41 % pour l’eau potable et 17 % pour les Eaux de Volvic », insiste la présidente de l’association en citant un rapport réalisé en 2024 par un post-doctorant que Reporterre a pu consulter.

Sans se prononcer sur ces chiffres, la préfecture certifie être dans les clous, précisant « qu’être prioritaire [dans le cadre de la loi de 2006] signifie que les besoins liés à cet usage doivent être satisfaits avant les autres » et que « les pourcentages ne traduisent pas la priorité des usages, mais leur importance quantitative ».

Danone, dit quant à elle multiplier les programmes d’action pour atteindre, d’ici 2027, « une réduction de 23 % de [ses] autorisations [de prélèvement] par rapport à l’année 2022 » et assure que son activité s’adapte au niveau des nappes, « étudiées depuis de nombreuses années par [ses] hydrogéologues ».

Des arguments peu convaincants pour les associations, qui maintiennent leur appel à repenser totalement ce modèle calibré pour la grande distribution (...)