
Lorsque des individus appartenant à des groupes minoritaires [1] manifestent leurs différences, on les accuse aussitôt de « différentialisme » [2] et d’atteinte à « l’égalité républicaine ». On leur oppose des « évidences » jamais explicitées - par exemple : « les excès du droit à la différence » mèneraient à « la différence des droits ». Réciproquement, l’égalité exigerait qu’il n’y ait « pas de différences entre les individus » - ou du moins que celles-ci s’effacent devant les « ressemblances qui nous rassemblent »... Mais dans le même temps, lorsque des groupes dominés revendiquent l’égalité, on leur reproche de ne pas assumer leur « différence » , et de vouloir rendre tout le monde identique.
... Mais dans le même temps, lorsque des groupes dominés revendiquent l’égalité, on leur reproche de ne pas assumer leur « différence » , et de vouloir rendre tout le monde identique. On demande par exemple aux femmes : « Pourquoi voulez vous absolument devenir comme les hommes ? Vous risquez de perdre votre féminité... » . On explique aux homosexuels : « Pourquoi voulez-vous absolument vous marier ? Pourquoi singer les hétérosexuels ? Assumez votre différence ! ». On refuse aux élèves voilées un droit égal à l’accès aux écoles publiques, et on les somme « d’assumer leur choix en allant dans des écoles confessionnelles ».
Que valent ces arguments ? Les réflexions qui suivent démontrent qu’ils ne valent rien du tout : égalité et différence n’ont rien de contradictoire. (...)