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Emmanuel Macron, “maître du Covid” (et de BFMTV)
/Samuel Gontier
Article mis en ligne le 11 février 2021

Les éditorialistes de BFMTV sont aux anges : leur héros, Emmanuel Macron, a gagné son “pari” face aux médecins : en décidant de ne pas reconfiner, il s’est rendu “maître du Covid”. Résultat, le virus est aux abois.

« Pour le moment, le choix d’Emmanuel Macron tient toujours, se réjouit Olivier Tuchot mardi soir sur BFMTV. La situation sanitaire certes reste tendue mais il n’y a pas d’explosion des cas. » Seulement un peu plus de sept cents décès en une journée, une paille. Des services de réanimation remplis à 80 % en Bourgogne-Franche-Comté, à 98 % en Paca, comme en témoigne le même soir un reportage de France 2 à l’hôpital de la Timone, à Marseille, où un seul lit reste disponible. « Olivier Véran dit lui-même qu’a priori peut-être on pourrait ne pas avoir à reconfiner le pays. » A priori peut-être éventuellement au conditionnel. « On voit aussi que la cote de popularité du président reste convenable, malgré les nombreuses critiques depuis le début de cette épidémie. » Sa stratégie est plébiscitée par les Français. Le bandeau interroge ingénument : « Macron, maître du Covid ? » Mais bien sûr. Rien qu’à entendre prononcer le nom de Macron, le Covid court se réfugier dans les pays voisins. (...)

Olivier Truchot demande : « Est-ce qu’Emmanuel Macron pourrait être le vainqueur politique de cette pandémie ? » Une chose est sûre, le vainqueur ne se trouve pas parmi ses 80 000 morts. « Sa stratégie depuis le début, répond Alain Duhamel, c’est le risque maximum. » Coïncidence, le président lui-même aime à dire qu’il « prend [son] risque ». C’est pourquoi l’éditorialiste l’appelle modestement « Emmanuel le hardi ». « Il décide, il assume, il incarne. » Il décide, c’est certain. Sans prévenir personne, c’est plus sain. Il assume… en se défaussant sur les administrations qu’il a lui-même dépouillées. Et il incarne… en envoyant Jean Castex annoncer qu’il n’y aurait pas de re-reconfinement.

« Quand c’est mal, poursuit Alain Duhamel, comme on l’a vu pendant la première vague, ça se retourne contre lui. » Rappelez-vous, il était à deux doigts de démissionner. « Quand c’est mieux, avec la deuxième pandémie, ça le stabilise plutôt. » La deuxième « pandémie » a été tellement « mieux » qu’elle a causé plus se décès que la première vague, c’est vous dire si ça le stabilise. « Là, il fait un pari avec le non-reconfinement. Si ça marche, c’est un atout formidable. Si ça ne marche pas, au moins il aura essayé. » À tous les coups, il gagne. « Il est celui qui prend les risques. » Les malades du Covid, eux, ne courent aucun risque. « Il est celui qui assume. » De faire assumer aux autres. « C’est un quitte ou double un peu nécessaire. » En général, tout ce que fait notre président est nécessaire. (...)

Et puis on va entrer dans le plan de redressement français, c’est lui qui va en être le grand maître. » BFMTV pourra titrer « Macron, grand maître du redressement ». « Là aussi, c’est un risque absolu. » Ce président est d’une témérité… « Ça peut mal se passer ou bien se passer. Par hypothèse, si ça se passe bien, ça serait pas un handicap. » Je dirais même plus : si ça se passe bien, ça ne se passera pas mal. (...)

Si de multiples ONG avaient alerté sur l’explosion de la pauvreté, une chaîne d’information comme BFMTV en aurait eu vent. Alain Duhamel pavoise : « C’est lié au non-reconfinement. » Le « risque » pris par Macron a payé, la crise économique n’a pas eu lieu. Et d’insister : « À un an et trois mois de l’élection, le président sortant a une marge d’action nettement plus large que d’habitude, parce qu’en ce moment on ne compte pas. » Ce qu’on donne sans contrepartie aux plus puissants, comme le notent les économistes Gilles Raveaud et Aurore Lalucq. « Et personne ne se plaint, certifie Olivier Truchot. Y a même pas de polémique sur ça. » Sur le plateau de BFMTV, en tout cas. (...)

Bruno Jeudy se réjouit de l’ouverture des écoles. « On sent que, dans le milieu scolaire, tout le monde n’est pas calé sur la ligne du ministre, qui lui a une ligne bien claire depuis la fin du premier confinement : les écoles doivent rester ouvertes. » Et même dès avant le premier confinement, quand il affirmait que les écoles resteraient ouvertes à la veille de l’annonce de leur fermeture. « C’est tout le mérite de ce ministre de se battre pour ça. » BFMTV va pouvoir titrer « Blanquer, maître du Covid ». « Ce serait vécu comme une défaite nationale si on refermait les écoles. » Une défaite nationale de Jean-Michel Blanquer. Bruno Jeudy anticipe la prochaine prouesse du gouvernement, la réouverture des musées. « Le gouvernement a un outil incroyable pour positiver tout ça. Rouvrir les musées, c’est aller vers : la culture nous sauvera. » Il suffira de transporter les patients en réanimation dans les musées.