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En 10 ans, 47 décès liés aux violences policières, aucun fonctionnaire en prison
Article mis en ligne le 24 mai 2017

En 10 ans, 47 hommes désarmés sont morts suite à une intervention musclée des forces de l’ordre. Streetpress a enquêté sur ces 47 dossiers pour un résultat accablant : aucun policier ou gendarme impliqué n’a jamais fini en prison.

(...) DES TECHNIQUES DANGEREUSES

En 2016, la très sérieuse Action chrétienne pour l’abolition de la torture (ACAT) publiait un rapport ravageur sur les violences policières. Joint par StreetPress, Pierre Motin de l’Acat, précise :
« On ne considère pas que chaque décès lié à une intervention de la police doit être suivi de sanctions, précise l’ACAT.Certains décès sont causés par un usage nécessaire et proportionné de la force. Mais ce n’est pas toujours le cas. »
Un procureur de la république évoque, sous couvert d’anonymat, les carences du système judiciaire. Lorsqu’un policier tue une personne par balle par exemple, « la démarche [du ministère public] ne consiste qu’à déterminer s’il y a eu, oui ou non, légitime défense. Si oui, on en déduit l’irresponsabilité pénal du fonctionnaire »

« Dans beaucoup de ces dossiers, [l’agent] aurait pu faire autrement. Mais légalement, ce n’est pas notre rôle de condamner cela. »
Il complète en reconnaissant que la justice ne met jamais en cause le fonctionnement de l’institution policière et ses méthodes. En la matière, l’Acat pointe particulièrement du doigt l’usage de techniques, comme le placage ventral et d’armes dangereuses, comme le taser, ayant causé plusieurs décès.

Comment avoir une vue d’ensemble ? StreetPress a épluché la presse, appelé les parquets, recontacté les avocats, les familles ou les proches pour recenser les victimes et faire le point sur les suites judiciaires données à ces dossiers.

Selon notre enquête, plus d’un tiers des procédures (16 sur 47) ont abouti à un classement sans-suite, un non-lieu ou un acquittement des fonctionnaires. L’essentiel des dossiers, 28, sont encore en cours. Et donc* 3 condamnations à des peines de prison assorties de sursis. Un ultime constat ressort de cette recension : sans plainte, avec constitution de parti-civil déposée par un proche, l’affaire est très souvent close après une enquête des plus sommaires. (...)