
« Identifier, repérer, détruire : voilà les trois mots d’ordre que nous devons avoir à l’esprit lorsque nous agissons contre les derniers lépreux du gauchisme », signale le sympathique site web d’extrême droite « Breiz atao » (« Bretagne toujours » en breton) dans un édito du 23 décembre dernier. Publié en même temps qu’une liste de 21 personnes membres – ou proches – d’organisations associatives, syndicales et politiques rennaises, le texte de « Breiz atao » prévient que « ce ne sont pas de maigres cohortes de pouilleux composés de marginaux édentés, de drogués, de SDFs en état d’ébriété avancé, de fonctionnaires petit-bourgeois, de lesbiennes hystériques et autres sodomites patentés qui seront susceptibles de détourner le peuple du nationalisme ».
Face à ce fichage assorti de menaces, 19 des personnes visées [1] ont déposé plainte, pour injures et provocation publique à la commission de crimes ou délits. Une seconde plainte a été déposée pour traitement illicite de données nominatives sensibles. « Les membres des organisations soutenant les migrants sont les premiers visés, mais on retrouve aussi dans les listes de « Breiz atao » des personnes participant aux réseaux féministes, syndicaux et d’extrême gauche », détaille un membre du collectif de soutien aux sans papiers de Rennes, figurant sur la liste publiée le 23 décembre dernier. D’autres militants de Brest, Lannion et Saint-Malo ont déjà été ciblés par « Breiz atao ».
« Breiz Atao » était, pendant la première moitié du XXème siècle, l’organe du parti autonomiste breton, dont de nombreux membres se sont compromis avec l’occupant nazi pendant l’occupation. La publication a été relancée en 2010 sur le web, et n’en est pas à son premier coup diffamatoire [2]. Divers militants de Rennes, et d’ailleurs en Bretagne, ont déjà été visés personnellement. Le fondateur du site Boris Le Lay a déjà été condamné par la Justice pour provocation à la discrimination et incitation à la haine raciale. « Mais c’est la première fois qu’une telle liste est publiée, et jointe à un édito aussi diffamatoire et injurieux et appelant à une telle violence", explique un militant visé. (...)
Les personnes qui souhaitent soutenir la plainte déposée à Rennes peuvent écrire au procureur de la République en s’inspirant de la lettre ci-après, et en expédiant le courrier avant le 31 mars.