
L’école africaine réinventée (2). Depuis 2011, près de 250 000 enfants ont suivi un programme qui permet de rattraper trois années de scolarité en dix mois.
C’est sa deuxième chance et elle a bien l’intention de ne pas la laisser filer. En parfaite ambassadrice de sa classe, mission qu’elle endosse pour un mois, Tadji Habtamu, 13 ans, accueille le visiteur dans son école de Duber, dans la région Oromia, à 70 km au nord d’Addis-Abeba. Une trentaine d’élèves de l’établissement, qui en compte 360, a comme elle connu des parcours scolaires assez chaotiques pour se retrouver dans cette classe un peu particulière. (...)
Ils ont entre 9 et 14 ans, apprennent à compter en jouant à la marchande ou au banquier. Le marché et la banque sont bricolés avec trois fois rien, mais suffisamment achalandés pour permettre au groupe de s’entraîner au calcul et à s’habituer à s’exprimer en public. Le défi est de taille, car Tadji Habtamu et ses camarades ont tout juste dix mois pour maîtriser les notions que le système scolaire classique enseigne d’ordinaire en trois ans. (...)
Mais rien d’impossible avec la pédagogie à l’oeuvre ici. Abel Kassahun, le directeur adjoint du cabinet de conseil Geneva Global philanthropy, a déjà pu en tester l’efficacité car la classe de Duber fait partie d’un réseau d’écoles de la seconde chance que le Fonds Luminos développe dans le pays. Ce fonds, déjà présent au Liberia, a été créé pour promouvoir la seconde chance en Afrique en s’appuyant sur des acteurs locaux comme Geneva Global en Ethiopie.
Sensibiliser les parents
Dans ce pays, 14 % des jeunes en âge d’aller à l’école primaire ne sont pas scolarisés. Si ce nombre a fortement décru (ils étaient près de 60 % en 2000), ils sont encore trop nombreux à garder le bétail dans les champs, malgré la loi qui interdit le travail avant 14 ans. (...)
Convaincre les parents de l’utilité des apprentissages est la première mission de Geneva Global, qui a mis en place des groupes destinées à sensibiliser les mères. (...)
Les écoliers, eux, vivent une scolarité accélérée, étalée sur sept heures de cours par jour, six jours sur sept. Et comme ils sont déjà grands, une pédagogie active a été mise en place pour qu’ils ne s’ennuient pas et avancent vite. (...)
Les écoliers, eux, vivent une scolarité accélérée, étalée sur sept heures de cours par jour, six jours sur sept. Et comme ils sont déjà grands, une pédagogie active a été mise en place pour qu’ils ne s’ennuient pas et avancent vite. (...)
Les écoliers, eux, vivent une scolarité accélérée, étalée sur sept heures de cours par jour, six jours sur sept. Et comme ils sont déjà grands, une pédagogie active a été mise en place pour qu’ils ne s’ennuient pas et avancent vite. (...)
Les enseignants sont sélectionnés sur leur motivation d’abord. « Ensuite, ils passent un examen et on les forme », ajoute Abel Kassahun. Les enfants, eux, sont choisis parmi les plus pauvres du secteur.
Jusqu’à l’université
Les taux de réussite et de réintégration dans le système scolaire classique sont très élevés. (...)
Au total, le fonds Luminos a permis à 113 000 enfants de lire, écrire et compter grâce à son programme Seconde Chance en Ethiopie. D’autres partenaires oeuvrent aussi dans le même sens, amis avec d’autres pédagogies. L’objectif global est de toucher plus de cent mille autres enfants. Un nombre important, certes, mais par delà cet objectif chiffré ce sont les belles histoires dont Abel Kassahun aime à se souvenir. Comme celle de cette jeune fille de la première promotion qui vient de franchir les portes de l’université. (...)
Vu le succès du programme, le gouvernement s’en est inspiré pour rendre l’enseignement public plus souple. Dans la région du Tigré, ce modèle a déjà été répliqué dans 110 classes gérées par l’administration en 2018. (...)